La réforme inachevée de la banque du Vatican

Benoît XVI a tenu hier sa dernière audience publique. Le flot de scandales qui a marqué son pontificat a en partie occulté le grand ménage entamé en 2010 pour redonner une virginité à la banque du Vatican, ménage qui n'est d'ailleurs pas terminé.

 

L'Institut pour les œuvres de religion, c'est comme ça qu'on appelle la banque de l'église catholique. Cette dernière n'avait plus de président depuis neuf mois. Le dernier en poste recruté pour rendre la banque irréprochable a été mis en cause par la justice italienne pour violation d'une loi anti-blanchiment. Selon les vaticanistes, il aurait surtout été victime de la lutte au sommet pour le contrôle de la banque. Mais avant de partir, Benoît XVI a pris soin de lui trouver un remplaçant. Ce sera l'Allemand Ernst von Fryberg. Cet aristocrate connait bien les milieux de la banque, puisqu'il a travaillé pour un cabinet londonien d'analystes financier. Sous le déluge des exégèses sur l'action du pape, cette nomination est passée inaperçue, c'est pourtant l'une de ses dernières grandes décisions car Benoît XVI a bel et bien tenté de remettre dans le droit chemin cet établissement qui s'affranchit encore des règlements internationaux.

Une histoire truffée de scandales

Le premier scandale éclate en 1982 quand la banque Ambrosiano dont l’OIR est actionnaire est accusée au moment de sa faillite de recycler l'argent de la mafia. Les liens avec la loge maçonnique P2, et surtout la mafia, s'étalent au grand jour. Ensuite, les révélations des repentis de Cosa Nostra vont régulièrement alimenter la chronique des abus et blanchiments en tout genre commis sous le manteau du Vatican. Certains vont y laisser leur vie. Plusieurs témoins ou acteurs plus ou moins proches de l'OIR sont assassinés ou retrouvés suicidés dans des circonstances troublantes. Les mauvaises langues parlent de cette banque non pas comme d'un paradis fiscal mais comme d'un paradis sur terre pour ses clients. C'est vrai que le secret bancaire est l'un des mieux gardés au Vatican. Impossible de connaitre l'identité des 44 000 détenteurs de compte. Il y a bien sûr parmi eux pléthores de vénérables congrégations religieuses, mais aussi des individus parfois recherchés par la justice. Seules quelques personnes, dont le pape, ont accès à l'ensemble des comptes. L'Institut ne délivre pas de chéquier, il n'y a donc pas de trace des flux de capitaux.

Le Vatican toujours pas inscrit sur la liste blanche

C'est à cause de ces pratiques atypiques que le Vatican n'est toujours pas inscrit sur la liste blanche des Etats irréprochables en matière de blanchiment et de financement du terrorisme.

Dans l'espoir d'obtenir cette inscription, Benoît XVI a promulgué en décembre 2010 une loi dite financière pour renforcer le contrôle sur la banque. Mais au fil du temps, ces pouvoirs d'audit ont été rognés au profit de ceux du cardinal Bertone, le numéro 2 du Vatican. En juillet dernier, des experts du Conseil de l'Europe ont demandé à l'OIR de faire des efforts supplémentaires pour que le Vatican obtienne cette inscription sur la liste blanche. Ils donneront à nouveau leur avis en juillet prochain. Voilà un dossier que le successeur de Benoît XVI devra suivre de près. 

 

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