Chypre, l’île qui menace toujours l’euro

Les Chypriotes ont élu ce week-end un nouveau président, le conservateur Nicos Anastasiades, qui a la lourde tâche d'éviter la faillite à son pays, un risque qui pèse sur l'ensemble de la zone euro.

 

Chypre, c'est le petit pois qui depuis plusieurs mois empêche la zone euro de dormir sur ses deux oreilles. Maintenant que la Grèce est en grande partie sauvée, voilà que la petite île de Mediterranée, avec à peine 1 million d'habitants et un produit intérieur brut équivalent à celui d'un département français, menace à son tour de détruire le plus grand trésor contenu dans toute monnaie : la confiance.

Pour assainir les finances chypriotes plombées par les erreurs des banques qui ont acheté de la dette grecque avec la plus grande insouciance, il faudrait signer un chèque de 17 milliards d'euros. Mais cette somme, légère à l’aune des dizaines et des dizaines de milliards d'euros dépensés pour la Grèce, représente tout de même l'équivalent de la richesse nationale du pays. Surtout, ce prêt ferait monter son niveau d'endettement à 140% de son PIB. Ce n'est pas soutenable, estiment les experts du FMI.

D'où la deuxième hypothèse évoquée mezzo vocce : organiser le défaut sur une partie de la dette, comme cela s'est fait en Grèce. C'est là que les représentants de la zone euro mettent leur veto. Car ils ont juré la main sur le cœur que la restructuration serait un cas unique. Recommencer, c'est prendre le risque de briser la confiance des investisseurs. C'est pourquoi on considère que la situation de Chypre présente un risque systémique. Lorsque la crise devient contagieuse, c'est au Mécanisme européen de stabilité, mis en place par les Européens en pleine tragédie grecque, d'agir.
 
Existe-t-il d'autres solutions que la restructuration de la dette ?

Il y a surtout d'autres modalités mais qui ne conviennent à personne. Les banques chypriotes aujourd'hui fort mal en point détiennent la dette nationale. L'écraser revient donc à les appauvrir un peu plus au moment où il faut au contraire les aider à se recapitaliser.

Autre version envisagée de la restructuration de la dette chypriote : l'annulation d'une partie des avoirs des déposants. On sait que les bilans des banques ont enflé avec les capitaux des nouveaux venus russes, capitaux dont la provenance est douteuse. Mais ce scénario non plus ne satisfait personne : ni les banques chypriotes qui perdraient ainsi toute crédibilité, ni leurs clients russes. Même s'il y a de fort soupçon de blanchiment d'argent, difficile de nuire aux intérêts de cette clientèle alors qu'on demande de l'autre côté au président Poutine de participer au sauvetage.

Le temps presse

Malgré les oppositions multiples à la privatisation, il n’y a pas de solution viable en vue. Les privatisations demandées ne suffiront pas, elles ne rapporteront que 2 milliards d'euros. Les revenus du gaz sont trop hypothétiques pour constituer le socle d'un accord. Les dirigeants européens devront donc trancher dans le vif, assez rapidement car si rien n'est fait d'ici juin, Chypre se retrouvera en faillite, ce qui est inconcevable pour un Etat.
 

 

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