En France, le chômage s'aggrave

Les chiffres du chômage du mois de janvier sont mauvais, comme prévu. Le chômage a augmenté de 10% par rapport à janvier 2012. Il progresse également par rapport au mois dernier. La dégradation du marché de l'emploi devrait se poursuivre cette année, la promesse de François Hollande d'inverser la courbe est obsolète.

Déjà avec la croissance à 0,8% prévue par l'Elysée pour 2013, la baisse du chômage relevait du vœu pieu, car il faut en France au minimum 1% de croissance pour créer des emplois et 1,5% pour que la courbe du chômage commence à s'inverser. C'est une équation qui fait consensus parmi les économistes.

Les prévisions de croissance nulle de la Commission européenne annoncées vendredi dernier ont donc définitivement sonné le glas de cet engagement du président François Hollande. On constate d'ailleurs que le volontarisme affiché par le gouvernement pour stopper la désindustrialisation n'a pas d'impact sur le réel. Les défaillances d'entreprises continuent. Depuis 2009, la France a perdu près de 400 usines.

Les plans sociaux et les fermetures de sites sont la face dramatique et médiatique de la crise. Pourtant ce n'est pas ce qui fait grossir les rangs de pôle emploi. En décembre, moins de 3% des nouvelles inscriptions au chômage étaient dues à des licenciements économiques. Le gros des nouvelles inscriptions est alimenté par la fin des contrats d'intérim ou des CDD. Ce sont les plus fragiles qui souffrent le plus de la montée du chômage ; la dualité entre salariés protégés avec un pouvoir d'achat stable voire en hausse et précaires s'est amplifiée.

Le chômage quasiment à son plus haut niveau historique atteint en 1997

La situation actuelle est bien pire. Il y a 15 ans, il y avait de la croissance, c'était donc la sortie de crise qui s'amorçait. Lionel Jospin, quand il arrive aux affaires en juin 1997, crée les emplois jeunes, et la reprise fait le reste. Aujourd'hui, le contexte est beaucoup plus sombre. Le cycle baissier qui dure depuis six ans n'est pas terminé, ni pour la France, ni pour les autres pays de la zone euro.

François Hollande était convaincu que le cycle baissier allait se retourner dès cette année, grâce à la reprise américaine

Sauf que les choix politiques faits de part et d'autre de l'Atlantique ont perturbé le fonctionnement cyclique de l'économie. A la charnière 2010/2011, l'économie française frémit, mais le gouvernement dirigé alors par François Fillon met le cap sur l'austérité, entre autres par crainte d'une dégradation de la note souveraine de la France. Austérité qui casse immédiatement la croissance, et qui sera assumée et maintenue par la nouvelle équipe au pouvoir.

Pendant ce temps, aux Etats-Unis, la lutte contre les déficits a été remise à plus tard pour soutenir la croissance, mission accomplie. Mais aujourd'hui, les Américains sont contraints de s'attaquer au déséquilibre budgétaire, il ne faut donc pas compter sur le relais de la croissance américaine. Dans l'immédiat, seuls les emplois d'avenir pour les plus jeunes et les contrats de génération, qui ciblent les plus impactés par le chômage, peuvent adoucir le choc de la crise.

 

Partager :