Les banques affichent un peu moins de spéculation sur les matières premières agricoles

Sous la pression des ONG, les banques prennent des distances avec la spéculation sur les matières premières agricoles, accusée de faire flamber les prix des produits alimentaires. Dernier établissement à faire amende honorable et pas des moindres : le géant britannique Barclays.

Le patron de Barclays n'a pas seulement annoncé un vaste plan d'économie, hier, avec la supression de 3700 emplois, Antony Jenkins a aussi annoncé que la banque britannique « cessait de négocier à des fins de spéculation les matières premières alimentaires ».

L'annonce est surprenante, de la part de Barclays, une des cinq banques les plus puissantes sur les marchés de matières premières. Renseignements pris, Barclays a uniquement stoppé le trading de produits agricoles pour le compte des fonds spéculatifs - les investisseurs à très court terme. Or c'est une toute petite part de son activité matières premières - elle continue à trader pour ses autres clients, les entreprises, et à proposer aux investisseurs ses indices matières premières adossés sur les cours.

L'annonce de Barclays est avant tout un geste vis-à-vis de l'opinion, alors que la banque a largement terni sa réputation et que les ONG World Development Movement ou Oxfam accusent les banques d'affamer la planète en encourageant la spéculation sur les denrées agricoles. La banque française BNP Paribas a aussi fermé ou suspendu certains produits financiers adossés aux matières premières agricoles. L'Allemande Deutsche Bank avait été pionnière, mais elle a finalement réintégré ses produits suspects dans sa gamme financière !

Le véritable chantier pour limiter la spéculation sur les denrées agricoles est en cours mais il prend son temps, en Europe: il s'agit de limiter les positions de tous les participants sur les marchés à terme, des céréales, du café, ou du cacao, à Paris comme à Londres. Car les négociants Glencore ou Armajaro sont les premiers à spéculer ! Il s'agit aussi de rendre plus transparent l'ensemble des transactions de gré à gré qui ont lieu en dehors de ces marchés à terme.

Si des limites sont fixées, l'argent des spéculateurs sert de contrepartie aux opérateurs qui veulent couvrir leur risque de prix. Contrairement aux idées reçues les investisseurs à long terme amortissent plutôt qu'ils n'aggravent la hausse des prix des céréales, ou leur baisse. Et rappelons que le riz, qui n'est associé à aucun produit financier pour l'heure, a fait l'objet d'une des plus belles spéculations de l'histoire, en 2007 et 2008, lors de la flambée des prix... Elle était orchestrée non par les financiers, mais par les exportateurs et les grossistes !

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