Le minerai de boeuf, matière première de l'industrie agro-alimentaire

Après le minerai de cuivre, le minerai de fer, voici le minerai de boeuf ! Une matière première révélée au grand jour par l'affaire des lasagnes à la viande de cheval.

Le minerai de boeuf existe depuis qu'aux Etats-Unis, puis en Europe, on a cessé de cuisiner le pot au feu ! Le résumé est rapide, mais pas si éloigné de la réalité. Les consommateurs ne voulant plus que des morceaux nobles de l'arrière du boeuf, entrecôtes ou filets, il a fallu trouver une nouvelle destination aux morceaux de l'avant, qu'on prenait autrefois le temps de mijoter pour les attendrir. C'est ainsi qu'est né... le steak haché.

L'ensemble des bas morceaux nécessaires au steak haché est devenu une matière première à part entière : le minerai de boeuf, que l'industrie s'est mise à utiliser à utiliser de plus en plus pour la fabrication de ses plats préparés. D'un commerce de carcasses, on est passé à un commerce de morceaux. Un commerce international.

La France, par exemple, manque de morceaux nobles, elle doit donc importer des morceaux arrière. En revanche elle a trop de morceaux avant, mais elle préfère les exporter cher dans les pays du Moyen-Orient, où l'on continue à les cuisiner, plutôt qu'à les vendre à vil prix à l'industrie agro-alimentaire.

Depuis deux ans, que les prix mondiaux du boeuf grimpent, les intermédiaires, bureaux de vente ou courtiers en viande, ont du mal à dégoter le minerai de boeuf bon marché que l'industrie leur demande. Parfois ils en importent du Brésil. De là à maquiller de la viande de cheval en viande de boeuf pour profiter de l'énorme écart de prix... on verra ce que révèle l'enquête.

Normalement les sacs de minerai de boeuf d'origine européenne sont étiquetés et dotés d'un code barre, ce qui a d'ailleurs permis de retrouver l'origine de la viande. Peut-être y-a-t-il eu fraude ? Mais c'est la fragilité de l'espace européen, qui n'a plus de frontières intérieures, et donc plus de douanes. Tout repose sur les autorités sanitaires ou de lutte contre la fraude dans chaque Etat membre, et elles sont débordées.

Un contrôle accru de la part des opérateurs privés serait salutaire pour toute la filière.

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