GDF Suez met les gaz vers les pays émergents

L'Europe n'est plus une terre de croissance pour le géant gazier français, GDF Suez. Cap sur les pays émergents d'Amérique latine et d'Asie.

C'est une réorientation totale de stratégie. L'Europe était le coeur de l'activité gazière et électrique de GDF Suez depuis des décennies, sur un marché très règlementé. Mais la concurrence est de plus en plus rude, la consommation européenne recule avec la crise qui a ralenti l'industrie, les Etats membres encadrent les prix et l'avenir du nucléaire est de plus en plus incertain. L'an dernier, GDF Suez n'a conclu aucun contrat de centrale au charbon ou au gaz en Europe ! Les revenus sont en baisse sur le Vieux continent : la seule activité qui s'y développe pour le groupe, c'est l'amélioration de l'efficacité énergétique des installations de chauffage.

Pour trouver de nouveaux revenus, le groupe français, endetté, se tourne de plus en plus vers les pays émergents. Là où les besoins en énergie explosent, et où les factures d'électricité s'envolent au rythme de l'inflation. Les contrats en Asie et en Amérique latine se multiplient pour des barrages électriques, des centrales thermiques ou l'agrandissement des réseaux électriques. GDF Suez est ainsi devenu le premier producteur d'électricité au Brésil, à Singapour ; et le premier producteur privé en Thaïlande et en Indonésie - après l'acquisition de son concurrent britannique International Power, qui était déjà implanté dans l'archipel. Le groupe français est important au Pérou, et il a pris pied en Mongolie, au Koweït et en Afrique du Sud.

Le gaz naturel, coeur de métier de GDF Suez, reste l'autre grand espoir de croissance du groupe, mais désormais sous sa forme liquéfiée, transportable par bateau, le GNL, de plus en plus demandé en Asie. Profiter de l'écart des prix entre le gaz de schiste américain, bradé aux Etats-Unis, et le prix élevé du gaz liquéfié en Asie, c'est une des pistes : GDF Suez construit trois trains de liquéfaction du gaz dans le sud des Etats-Unis, en Louisiane et prévoit 4 à 5 bateaux, des méthaniers qui emprunteront le canal de Panama pour traverser le Pacifique. Pas avant cependant que Barak Obama ne donne son feu vert aux exportations de gaz américain, ce à quoi s'oppose encore l'industrie aux Etats-Unis, trop contente de garder pour elle un gaz aussi peu cher.

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