Même si la France importe aujourd'hui près de 20% de gaz naturel liquéfié via le port de Rotterdam, par méthaniers, elle dépend encore aux trois quarts des contrats à long terme par gazoduc avec ses fournisseurs traditionnels : la Norvège (36%), la Russie (15%) et l'Algérie (13%). L'avantage de ces contrats à long terme, c'est qu'ils sécurisent l'approvisionnement, ils sont conclus sur au moins trois ans. Mais leur inconvénient pour les acheteurs, c'est qu'ils sont indexés sur les cours du pétrole qui ont flambé depuis huit ans ; alors les prix de marché du gaz au comptant, les prix spot, sur les bourses européennes, sont aujourd'hui presque deux fois moins élevés que le prix du brut (en baril équivalent pétrole). Le prix spot du gaz est plombé par l'abondance nouvelle de gaz américain.
C'est pourquoi tous les opérateurs historiques européens s'emploient à renégocier leurs contrats à long terme pour qu'ils reflètent mieux cette évolution divergente des prix du pétrole et du gaz.
Le Français GDF Suez n'est pas en reste. S'il n'a pas encore infléchi l'Algérie, il a obtenu une renégociation de ses contrats auprès du Russe Gazprom et tout récemment, cet automne, de la Norvège. La Norvège, c'est plus d'un tiers de l'approvisionnement français. Au total, GDF Suez aurait fait passer dans ses contrats la part du prix spot du gaz, plus avantageux, de 10% en 2010 à 26% cette année et à 36% pour l'an prochain. D'où la baisse récente des coûts d'approvisionnement de l'opérateur français.
Malheureusement le consommateur ne bénéficiera pas à plein de cette ristourne. Car il va devoir payer les augmentations précédemment gelées par les deux derniers gouvernements. C'est pourquoi la facture de gaz des Français va encore augmenter de 2,4% au 1er janvier prochain, après avoir déjà gonflé de 80% depuis 2005, au rythme des prix... du pétrole.