La Chine doit aussi restructurer son industrie de l'acier

Comme l'Europe, la Chine produit trop d'acier et elle doit restructurer son industrie.

Les chiffres des dix dernières années donnent le tournis. Quand la production d'acier progressait de 20 % en Europe, elle augmentait de 534 % en Chine. Une multiplication par six qui permet aujourd'hui à la Chine de produire près de la moitié de l'acier mondial, contre à peine 18 % en 2001. Ce déploiement de la sidérurgie chinoise a correspondu au développement accéléré de la construction et des infrastructures dans le pays. Depuis 2008, le secteur a en outre été abondamment subventionné ou financé par les banques publiques chinoises.

Aujourd'hui, on ne peut pas parler d'une contraction de l'activité économique comme en Europe, mais la bulle immobilière chinoise s'est dégonflée. Or, la construction, c'est la moitié de la consommation chinoise d'acier. La Chine, alors qu'elle n'est pas en crise, se retrouve en surcapacités d'acier comme l'Europe. L'an dernier, 8 % de la production n'a pas trouvé preneur. C'est que, même si la Chine compte trois des dix champions mondiaux de la sidérurgie, dont Hebei et Baosteel, sa production est fragmentée en plusieurs milliers de petites entreprises de fonderie qui se livrent une concurrence acharnée et dont beaucoup sont à l'heure actuelle au bord de la faillite, constate l'assureur-crédit Coface.

Limiter le nombre de fourneaux, c'est un objectif inscrit de nouveau dans le plan quinquennal lancé l'an dernier, tant les provinces ont eu du mal à ne plus subventionner leurs aciéries et leurs emplois. Par ailleurs, Pékin veut pouvoir répondre aux besoins accrus en biens de consommation - voitures, électronique ou électroménager - d'une classe moyenne qui pourrait représenter les deux-tiers de la population en 2030, contre moins d'un tiers aujourd'hui. C'est pourquoi la Chine veut monter en gamme dans la qualité de ses aciers, des aciers spéciaux qu'elle importe pour l'instant d'Allemagne ou de Corée du Sud. Cela demandera des investissements en équipement dans une industrie assainie. Comme le résume le nouveau numéro un Xi Jinping : « Pour faire un bon acier, il faut des outils solides. » Bref, la sidérurgie chinoise, est, elle aussi, à un tournant.

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