Ce n’est peut-être que la partie immergée de l’iceberg, d’autres plaintes pourraient suivre, affirment les spécialistes, car les refus de livraisons à l’arrivée des cargos dans le port de Qingdao en 2008 ont concerné plusieurs commanditaires.
La province du Shandong, à l’est de la Chine, est l’une des bases de l’industrie du pneu chinois. C’est là que se trouve notamment le siège de Zhaoyuan Leo Rubber Co Ltd, autrement dit l’autre « marque au lion », mais pour les roues de voiture. Le groupe Zhaoyuan a refusé 2 016 tonnes de caoutchouc commandées au singapourien Lee Rubber, qui a déjà obtenu gain de cause devant le SICOM (Singapour Commodity Exchange), la bourse des marchandises de Singapour. Problème : jusqu’à présent les Chinois n’ont jamais voulu payer l’indemnisation réclamée !
Deux plaintes pour défaut de paiement ont donc été déposées en 2009 et 2010 et sont toujours en attente d’une décision. Il faut dire que dans ce genre d’affaire, les tribunaux chinois ont plutôt tendance à prendre leur temps et la réunion de conciliation au début du mois à Qingdao entre les deux parties n’a rien donné ; elle n’a en tout cas pas permis d’arriver à un accord à l’amiable. Pour essayer de faire avancer les choses, le plaignant doit passer par une cour chinoise. Il est en cela appuyé par l’Asean Rubber Business Council Bureau, autrement dit le bureau du caoutchouc qui réuni six pays de l’Association des nations du Sud-Est asiatique : Cambodge, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande et Vietnam qui représentent à eux seuls 80 % de la production mondiale de caoutchouc.
Depuis octobre 2008, le bureau a mis à l’index les mauvais payeurs. Une liste noire a même été établie l’an dernier qui est désormais diffusée sur le site internet de l’association comme il en a été décidé le 10 novembre dernier lors de la réunion de Phuket en Thaïlande. Il faut donc maintenant attendre la réponse du tribunal chinois. Ce que fait aussi le groupe Jaoyuan Zhaoyuan d’ailleurs, semble t-il avec sérénité.« Nous avons signé un contrat […] et ils ont retardé l’expédition de la marchandise,a confié l’un des responsables du fabricant de pneus à l’agence Reuters. Cela nous a causé des pertes profondes car les prix avaient chuté entre-temps, nous avons donc refusé de recevoir la cargaison. »
Côté producteurs, cette plainte est aussi une mise en garde face aux mauvais payeurs. Les craintes sur l’économie mondiale et la baisse de la demande en Europe ont eu des conséquences sur le prix de la gomme. Or depuis 2009, la Chine est le premier marché automobile mondial, les importateurs chinois se sentent plus forts et multiplient les demandes de rabais. Le bureau de l’Asean conseille vivement à ses membres de les refuser pour ne pas fragiliser davantage le secteur.