La fin annoncée du super-cycle du cuivre

Les cours du cuivre avaient jusqu'à présent résisté à la chute brutale des autres métaux, depuis l'irruption de la crise dans la zone euro, l'an dernier. Mais ils sont repassés sous le seuil des 8000 dollars la tonne. Le « super-cycle » du cuivre, qui dure depuis plus de dix ans maintenant, pourrait avoir pris fin.

D'habitude le mois d'octobre est le début d'une période très faste pour les achats de cuivre, en Chine, qui se poursuit tout le quatrième trimestre. Mais tel n'est pas le cas cette année. La demande physique est faible, témoigne un trader, au point que le prix spot du cuivre dans les ports chinois est inférieur au cours du cuivre à Shanghai, un phénomène très rare. L'industrie chinoise, de la construction aux climatiseurs, vit sur ses stocks de métal rouge. Or la Chine, c'est 40 % de la consommation mondiale de cuivre. Aux Etats-Unis, la reprise est très lente ; en Europe, il n'y a quasiment plus de transaction... La demande mondiale s'étiole, après avoir progressé de 30 % par an, depuis plus de dix ans.

Ce qui avait maintenu les cours du cuivre élevés depuis l'an dernier, comparativement aux autres métaux de base, après le déclenchement de crise européenne, c'était la rareté de l'offre de minerai, très caractéristique du cuivre, du fait d'une baisse des teneurs dans les gisements anciens du Chili, le premier producteur mondial. Or, du côté de l'offre aussi, les choses changent.

De nombreux projets d'expansion minière, ou de nouveaux projets, lancés pendant les années d'énormes profits pour les groupes miniers, entrent peu à peu en production. Au point que le Groupe international d'études sur le cuivre anticipe, au niveau mondial, un surplus de cuivre d'un demi-million de tonnes à la fin de l'année prochaine ; un surplus qui pourrait perdurer jusqu'en 2018, si tous les projets sortent vraiment de terre. On était plutôt habitué aux déficits de cuivre : sept années au cours de la dernière décennie. Un signe tangible du surplus annoncé : les raffineurs, s'attendant à un afflux de concentré de cuivre, ont augmenté le prix de leur contrat pour 2013.

Le super-cycle du cuivre avait déjà subi un coup d'arrêt en 2008, lorsque les prix étaient repassés sous les 3 000 dollars la tonne, après avoir frôlé les 9 000 dollars, mais la course du métal rouge avait vite repris un rythme fou, au delà des 10 000 dollars au début de l'an dernier. Il semble que cette fois, le coup de frein soit plus doux, mais dure un peu plus longtemps.

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