Les producteurs d'huile de palme contre-attaquent en Europe. Et ce n'est pas le plus puissant qui est le plus agressif. Le procès contre une enseigne de distribution française pour dénigrement de l'huile de palme, c'est la Côte-d'Ivoire (à peine un cinquantième de la production mondiale) qui le mène. L'argumentaire de l'Association interprofessionnelle du palmier à huile ivoirien : la communication des supermarchés Système U nuit au développement d'un secteur qui fait vivre plus de 36 000 petits planteurs en Côte d'Ivoire, et qui, selon elle, n'aggrave pas la déforestation, si l'on intensifie la production sans l'étendre - sachant qu'il n'y a pas d'orang outang en Côte d'Ivoire !
Officiellement, le Bureau malaisien de l'huile de palme, qui était au même moment au Salon international de l'agroalimentaire, près de Paris, pour promouvoir les qualités nutritionnelles de cet oléagineux (pas plus mauvais que le beurre dans les biscuits, selon ses scientifiques), n'était pas au courant de l'offensive des professionnels ivoiriens...
Pourtant, communication scientifique malaisienne et offensive judiciaire ivoirienne pourraient être les deux faces d'une même reconquête des marchés européens.
La Côte-d'Ivoire n'est encore qu'un tout petit acteur au niveau mondial - 5 % de la production de la Malaisie -, mais après des années de déclin, la production ivoirienne a triplé depuis 2006. Elle exporte la moitié de sa production, encore en grande partie vers les pays voisins. Mais la raffinerie géante d'Abidjan n'est utilisée qu'à 60 % de ses capacités. Et c'est là que l'on retrouve les multinationales asiatiques de l'huile de palme, qui sont au capital de cette usine et qui investissent dans de nouvelles plantations géantes dans toute l'Afrique de l'Ouest.
Le marché que convoitent ces sociétés asiatiques n'est pas qu'africain, il est européen, voire américain. Il est temps à leurs yeux d'inverser la tendance au boycott de l'huile de palme, alors que la mise au ban des acides gras « trans » des autres huiles végétales dans l'agroalimentaire leur avait ouvert tout grand les frontières de l'Occident, il y a une quinzaine d'années. Sans compter le débouché des biocarburants.