Après deux années fastes, les producteurs laitiers voient leurs revenus fondre à nouveau. Le litre de lait n'est plus payé que 30 centimes d'euros, un tiers de moins que l'an dernier. Inquiets, les éleveurs ont manifesté dans les rues de Bruxelles au début de la semaine ; ils demandent que l'Union européenne mette en place une régulation de l'offre, qui a été pléthorique cette année, en fonction de la demande. Mais c'est une régulation internationale qu'il faudrait car, désormais, c'est le prix mondial du lait en poudre qui donne le ton. Un prix qui reflète les enchères du géant laitier Fonterra, aux antipodes, en Nouvelle-Zélande, étant donné que ce pays représente un tiers du commerce mondial du lait. Or l'Océanie a elle aussi produit beaucoup de lait au cours des six derniers mois : avec le retour des pluies, après des années de sécheresse, la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont augmenté la productivité du cheptel grâce à des fourrages de qualité exceptionnelle. En outre les pays émergents, de la Chine à l'Inde en passant par l'Amérique latine, ont produit eux aussi beaucoup plus. Une tendance qui devrait se confirmer puisque dès l'an prochain les pays en développement produiront plus de lait que les pays développés !
Pourtant, cette surabondance de lait ne devrait pas durer tant la demande d'importations est forte, en Chine, en Inde, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. On estime qu'en Asie de l'Est, la consommation devrait augmenter de 20% dans les dix ans qui viennent. Avec un retour à un temps plus sec en Océanie, et donc une collecte moins généreuse, les cours du lait devraient grimper à nouveau en 2013, voire dès l'automne prochain. Le PDG du géant néo-zélandais Fonterra est optismiste. C'est normal, son entreprise vend désormais 20% de son lait à la Chine. Le spectre de la crise laitière de 2009 ne devrait donc pas hanter longtemps le marché.