Comme pour le pétrole, Pékin veut diversifier ses approvisionnements en céréales. Le Premier ministre chinois ne sera donc pas seul dans l’avion pour Buenos Aires le mois prochain. A ses côtés, l’habituel cortège d’hommes d’affaires et de patrons des grandes entreprises chinoises, mais également deux hommes qui comptent quand on a plus de 1,4 milliard de bouches à nourrir : le ministre de l’Agriculture et le directeur de l’administration d’Etat chargé des céréales.
Les Chinois n’en n’ont pas fini avec la frénésie de grain. La faute aux cochons et à la volaille, la faute surtout à une Chine qui s’enrichit et mange davantage de viande. Ce ne sont pas encore les steaks américains, mais on n’en est pas loin. Il suffit pour s’en rendre compte d’aller se promener sur les boulevards des mégalopoles chinoises dès l’arrivée des beaux jours. Les yeux qui piquent, les papilles qui s’agitent… la fumée des braséros embaume l’air du soir et les brochettes se dégustent par bouquets entiers, entre copains ou en famille.
Les Nations unies ont ainsi évoqué, au début du mois, la possibilité d’une augmentation de 35% des importations chinoises de céréales. La consommation de maïs ayant par ailleurs bondi de 53% ces dix dernières années selon l’agence Bloomberg, qui fait état des chiffres publiés par le département américain de l’Agriculture.
Pendant ce temps là, la production chinoise n’augmente pas, pas suffisamment en tout cas pour compenser l’envolée de la demande. Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, publiées en mars dernier, la Chine compte plus de 8 700 entreprises de semences. Seules 200 d’entre elles ont un capital social qui approche les 4 millions d’euros, et 100 ont les moyens d’entretenir un laboratoire. Nous sommes donc loin de l’autosuffisance en grain prônée par le régime. Même chose d’ailleurs pour le soja, la Chine étant devenue récemment son plus grand importateur et dévorant un quart des graines de soja cultivées aux Etats-Unis, selon le China Daily.
La production a donc probablement été de 14% inférieure aux estimations officielles, nous dit encore Bloomberg. Ce qui forcement devrait pousser vers une hausse des importations, sachant aussi que les réserves chinoises sont assez faibles, de l’ordre de 10 à 12 millions de tonnes.
La Chine pourrait donc bientôt acheter du maïs à l’Argentine, mais aussi au Laos. Buenos Aires et Vientiane ont été classés parmi les fournisseurs approuvés par Pékin le 28 avril dernier. L’Argentine est le deuxième exportateur mondial de maïs à égalité avec l’Ukraine, ce qui devrait jouer sur les commandes aux Etats-Unis. Avec deux obstacles à lever : les grandes sociétés céréalières en Argentine doivent encore faire la preuve que leur maïs génétiquement modifié provient de variétés approuvées. Enfin, l’Argentine n’a pas des stocks illimités, elle non plus, la production ayant diminué l’an passé en raison de la sécheresse.