Avec le retour du phénomène climatique « La Niña », cette année, voilà près d'un mois qu'il n'a pas plu dans certaines grandes régions céréalières, au sud du Brésil et dans le centre, et le sud de l'Argentine. Les semis n'ont pas été suffisamment arrosés, on est maintenant très proches du stade critique de la pollinisation ou de la floraison du maïs et du soja. Désormais, les dégâts sur les récoltes pourraient être irréversibles. Or, il n'y a pas de grande amélioration de la météo à prévoir, si l'on en croit les prévisions, dans les deux semaines à venir.
Cette menace a déjà poussé certains spécialistes à revoir à la baisse de plusieurs millions de tonnes les productions de soja et de maïs du cône Sud, alors qu'elles devaient être record au printemps prochain. L'Argentine aura du mal à atteindre le record de 53 millions de tonnes de soja ou les 29 millions de tonnes de maïs qu'elle escomptait ; le Brésil ne récoltera pas 75 millions de tonnes de soja ni 63 millions de tonnes de maïs. Or, le monde s'approvisionne de plus en plus auprès de l'Argentine et du Brésil devenus les premiers exportateurs de maïs et de soja derrière les Etats-Unis. Ce qui veut dire que l'an prochain, les Etats-Unis pourraient être beaucoup plus sollicités que prévu par les acheteurs étrangers. La Chine, premier importateur mondial de soja, malgré ses stocks importants dans les ports, vient déjà de leur commander 55 000 tonnes de l'oléagineux, en attendant la prochaine récolte sud-américaine. Or, les stocks nord-américains de maïs et de soja sont au plus bas. Ces perspectives de nouvelles tensions sur le marché international des grains ont fait rebondir les cours des céréales. Maïs et soja avaient en particulier perdu un quart de leur valeur depuis l'été, dans le sillage des autres matières premières avec l'aggravation de la crise financière européenne. Ils ont regagné 9% en quinze jours.