155 mines de charbon auraient été distribuées à une centaine d'entreprises privées ou publiques sans aucune enchère transparente. Par extrapolation, cette sous-évaluation de la valeur du charbon aurait occasionné une perte pour les comptes publics de 10 700 milliards de roupies. Si l'on fait la conversion au taux de change actuel, cela représente 210 milliards de dollars.
Un « chiffre totalement mensonger », selon le gouvernement, qui n'a pas tardé à recevoir indirectement le soutien de l'auditeur public : les économies théoriquement réalisées sur le prix du charbon par ces sociétés depuis qu'elles ont pris en main les gisements, ne sont pas directement des pertes pour les finances publiques. Il n'empêche que l'affaire tombe au plus mal pour la majorité du Congrès au pouvoir, déjà empêtrée dans un autre scandale de marchés publics, celui des licences téléphoniques.
Le ministre des mines s'est empressé de promettre qu'un système transparent d'enchères serait opérationnel lors du prochain appel d'offres dans les mines de charbon, très rapidement. L'Inde a 30 ans de retard dans la gestion de son industrie minière, reconnaît un expert du secteur. Il n'y a pas de régulation digne de ce nom. C'est d'ailleurs ce qui permet aux mines illégales de subsister, occasionnant beaucoup de conflits avec les populations locales au cours des dernières années.
De leur côté, les sociétés bénéficiaires de ces blocs réfutent l’idée qu’elles se seraient enrichies à bon compte : beaucoup de gisements n'étaient pas rentables, disent-elles, d'autres ont demandé des centaines de millions de dollars d'investissements et ne sont toujours pas entrés en production, comme celui dont a hérité ArcelorMittal, qui compte y adosser deux aciéries. Quant à la compagnie publique d'énergie NTPC, elle nie avoir fait des profits extravagants, puisqu'elle a maintenu très bas les tarifs de l'électricité, encore pour moitié tirée du charbon en Inde.