La Russie mise sur le charbon

La Russie s'apprête à lancer un vaste programme pour augmenter la production nationale de 30% en 20 ans. Un objectif ambitieux, mais qui ne sera pas facile à mettre en œuvre.

Produire 430 millions de tonnes de charbon par an à l’horizon 2030, contre 336 millions de tonnes actuellement : c'est le vœu de Vladimir Poutine. L’objectif est, selon le Premier ministre, de satisfaire la demande intérieure qui devrait aller croissant, mais aussi jouer un rôle plus important sur les marchés prometteurs de la région Asie-Pacifique.

Pour parvenir à ses fins, le gouvernement promet de dégager plus de 252 milliards de roubles, soit 6 milliards d’euros. Pour le reste, le secteur public devra, lui aussi mettre la main à la pâte et financer des programmes de développement de la filière.

La Russie possède les deuxièmes réserves de charbon au monde, derrière les Etats-Unis et devant la Chine. Certains gisements n’ont même pas commencé à être exploités. C’est le cas dans la République de Touva, en Sibérie méridionale, où les réserves sont estimées à 1 milliard de tonnes et où trois mines doivent entrer en service d’ici 2017.

Vladimir Poutine a fait ces annonces lors d’un déplacement à Kemerovo, dans le bassin houiller du Kouzbass en Sibérie occidentale. La région n’a pas été choisie au hasard par le candidat à la présidentielle. Elle fournit 57% de la production nationale et elle a constitué, dans le passé un important foyer de la contestation, notamment lors de la chute de l’Union soviétique il y a 20 ans. Plus récemment, en mai 2010, la tension a été vive après la mort de plus de 60 mineurs dans une série d’explosions de méthane.

Le Premier ministre a promis de dégager plus de 12 millions d’euros cette année pour accroitre la sécurité dans les mines russes. Avec un taux de mortalité de 0,15 par tonne produite, selon les chiffres de l’agence d’information de l’industrie minière, contre 0,06 par exemple, en Australie, la Russie est l’un des pays les plus dangereux pour les travailleurs du secteur. Or les analystes préviennent : sans une amélioration des infrastructures, l’industrie houillère aura du mal à tenir ses objectifs.

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