Le rapport mensuel de l'OPEP diffusé hier (lundi 16 janvier 2012) a eu beau camoufler le dossier qui fâche, l'Iran, parmi les facteurs de destabilisation du marché pétrolier, il est de plus en plus difficile pour le cartel de maintenir la belle cohésion affichée il y a un mois, lorsque les pays membres s'étaient entendu sur un plafond global de production. A quelques jours de la réunion qui devra préciser à Bruxelles (le 23 janvier ou au plus tard le 31 janvier) les modalités de l'embargo de l'Europe sur son pétrole, l'Iran est de plus en plus susceptible.
Le gouverneur iranien à l'OPEP a en particulier très mal réagi à la déclaration du ministre saoudien du pétrole, selon laquelle l'Arabie Saoudite était prête à répondre à toute demande de pétrole supplémentaire de ses clients... Sous-entendu pour compenser les 500 000 barils jours de pétrole iranien qui seraient dans quelques mois inaccessibles aux Européens. La réponse iranienne ne s'est pas faite attendre : tout effort des pays du Golfe pour remplacer le pétrole iranien à cause des sanctions sera considéré comme un acte de complicité avec Israël...
La tension monte à mesure que l'étau se resserre sur l'économie iranienne. Après tout une série de sanctions financières qui ont compliqué à l'extrême le commerce de son pétrole, l'Iran va devoir trouver de nouveaux débouchés au brut qu'il vendait à l'Europe, 18% de sa production tout de même. Or les clients asiatiques ne se bousculent, bien au contraire, tant leurs achats de pétrole iranien sont devenus un casse-tête avec des banques qui se risquent de moins en moins à servir d'intermédiaires, pour éviter les sanctions américaines. Les alliés des Etats-Unis, Japon, Corée du Sud, sont même prêts à diminuer leurs importations de brut iranien, les raffineurs indiens ont arrêté les achats spot. Reste la Chine, elle reconstitue ses stocks stratégiques et pourrait avoir intérêt à prendre le pétrole boudé par les Européens, mais ce sera à vil prix, aux dépens des Iraniens.