Après trois ans de prix élevés, les cours de la graine de cumin s'étaient mis à baisser depuis le printemps dernier, au vu du fort regain de la production annoncé en Inde, le premier consommateur mais aussi le premier producteur de cumin, avec 300 000 tonnes en 2011 (selon le Bureau indien des Epices). Cette baisse des prix avait été accentuée par le déclin des commandes de la part des Etats-Unis, de l'Europe, du Brésil, du Bangladesh et de Singapour, les premiers importateurs de cette épice.
Mais la Syrie, deuxième producteur mondial de cumin avec 40 000 tonnes annuelles - soit plus que le total des exportations mondiales -, la Syrie n'est plus au rendez-vous des acheteurs depuis plusieurs semaines. Les graves troubles politiques ont fortement perturbé les exportations, occasionnant des retards de livraison de deux à trois semaines. Puis les sanctions occidentales contre le régime de Damas ont dissuadé certaines compagnies maritimes de s'approvisionner en cumin syrien. On commence d'ailleurs à voir l'épice s'échapper vers la Turquie grâce au traité de libre échange qui lie les deux pays.
La Turquie est le troisième producteur mondial avec 15 000 tonnes mais cette année la récolte pourrait être amputée de moitié à cause des pluies. C'est ainsi que l'on retrouve du cumin syrien vendu pour du cumin turc. Destination : les Etats-Unis... L'Iran n'a pas fait autre chose depuis que le régime de Téhéran est lui aussi au ban du commerce international. Quatrième producteur mondial de cumin, il vend son épice par l'intermédiaire de Hong Kong, de Dubaï et de la Malaisie.
Dans ces circonstances, le prix de la graine de cumin risque fort de demeurer aux alentours de 4200 dollars la tonne jusqu'à la nouvelle récolte indienne, en février prochain. Même si la demande de restockage est très timide, en Europe par exemple, étant donné les difficultés de livraison, les achats de cumin sont encore très forte ces jours-ci en Inde à l'approche des festivités hindouistes.