Le prix du baril du pétrole baisse dangereusement

Le prix du baril est repassé sous le seuil psychologique des 100 dollars, à Londres. A New York, les cours du pétrole sont au plus bas depuis un an.

La baisse des cours du pétrole exprime l'inquiétude des investisseurs à propos de la zone euro. Le report à la mi-novembre du paiement d'une aide vitale à la Grèce, susceptible de nuire à la santé des banques françaises et allemandes, fait craindre des difficultés supplémentaires pour l'économie européenne, laissant présager une baisse de la consommation de pétrole. Dans le même temps l'offre de brut semble s'améliorer puisqu'en début de semaine, c'était au tour de la compagnie pétrolière autrichienne OMV d'annoncer la reprise de la production en Libye. En mer du Nord, les puits qui étaient à l'arrêt au cours des semaines précédentes ont redémarré.

Dans ce contexte, la révision à la baisse des prix moyens du pétrole en 2012, par la banque Goldman Sachs, a enfoncé le clou. Le cours du baril de Brent livrable le mois prochain s'est replié sous les 100 dollars en séances. Pourtant, si l'on lit attentivement le rapport de la banque d'affaires américaine, la baisse des cours du pétrole est dangereuse parce qu'elle affecte encore plus les cours du pétrole à échéance éloignée, ce qui enlève toute rémunération au stockage en le décourageant.

C'est la grande différence de 2011 par rapport à 2008 sur le marché du pétrole, alors que le contexte de crise financière est le même. En 2008, les cours du pétrole à échéance lointaine étaient plus élevés que les contrats rapprochés. Il y avait donc des réserves de pétrole, qui ont été bien utiles lorsque la demande a fortement rebondi en 2009, un rebond de la demande que prédit à nouveau Goldman Sachs en 2012-2013, de la part des pays émergents. Les capacités de production saoudiennes s'essoufflent, elles sont encore insuffisantes dans les Amériques, les prix pourraient alors repartir en flèche beaucoup plus violemment que l'an dernier. Comme Ulysse, résume le rapport, le marché du pétrole est pris entre deux dangers, le tourbillon de la récession Charybde, et Scylla, les rochers plus lointains de la pénurie de brut.

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