Depuis la semaine du 5 septembre, les raffineries se battent en Europe pour obtenir quelques barils de brut léger. Alors que le brut libyen n'est toujours pas revenu sur le marché, le pétrole de la Mer du Nord, le fameux Brent, ne sort qu'au compte-goutte des puits. Ces gisements vieillissants subissent une grosse maintenance qui retarde d'au moins un mois le rythme des tankers. Le pétrole léger en provenance d'Azerbaïdjan fait aussi défaut, tout comme celui de l'Oural, beaucoup plus demandé par le marché russe. Enfin, le brut léger nigérian est de nouveau soumis à une interruption de la production de la part de Shell, après les dernières explosions de pipeline.
C'est pourquoi un tanker de brut léger, sur le marché physique, reste très élevé. Curieusement le cours du pétrole à Londres, qui est pourtant la référence du pétrole léger, a ignoré ce problème d'offre, les traders ayant les yeux rivés sur le sort de la Grèce avec à l'horizon la crainte d'un effondrement de la demande de pétrole européenne. Ils ont donc jusqu'à présent parié à la baisse. L'écart entre le prix d'un vrai baril de « qua iboe » nigérian et celui d'un baril « papier » n'a jamais été aussi important qu'au début de la semaine, tout comme on n'avait presque jamais vu le brut de l'Oural autant surcoté par rapport à Londres, alors qu'il est d'habitude en décote.
Juedi 15 septembre 2011, le cours du Brent a repris un peu de vigueur mais sans lien avec la tension actuelle du marché physique. Ce sont encore des arguments de conjoncture, à moyen et long terme, qui ont rallié les investisseurs au pétrole. L'annonce de liquidités supplémentaires de la part des grandes banques centrales les a rassurés sur l'avenir de la demande de pétrole.
Goldman Sachs a achevé de les convaincre : le pétrole aura rejoint le niveau des 130 dollars dans moins d'un an, grâce à la demande asiatique. La puissante banque d'investissement américaine précise que cette dernière devrait compenser largement la faiblesse de la demande occidentale. C'est pourquoi les cours se sont ressaisis de 112 à 115 dollars dans un mouvement inverse au marché physique, puisque la demande réelle des raffineurs européens se tasse, à mesure que leurs marges s'effondrent.