La crise de la livre turque contamine les pays émergents

En Turquie, la monnaie se portait un peu mieux ce mardi 14 août, mais la crise de la livre turque s'est propagée à d'autres pays émergents : l'Afrique du Sud, le Brésil, la Russie et surtout l'Inde et l'Argentine, ont vu leur monnaie plonger. La caractéristique de tous ces pays : leur dépendance aux marchés financiers et en particulier au dollar.

La crise de la livre turque contamine les pays émergents qui ont un point commun : ils dépensent plus de dollars qu'ils n'en gagnent pour financer leur croissance. « Ces pays sont un peu victimes de leur succès, explique Pierre Schoeffler, conseil en investissement. Au fur et à mesure qu'ils se développent, il y a une classe moyenne qui apparaît et elle a une capacité d'achat qui se fait essentiellement par l'importation de produits extérieurs et donc la balance courante de ces pays est de plus en plus déficitaire. »

Dollar plus rare

A part la Chine et les pays pétroliers du Moyen-Orient, excédentaires en devises, les pays émergents paient en outre de plus en plus cher leur dollar. L'Inde pour ses achats de pétrole, le Brésil, la Russie et l'Afrique du Sud pour leurs biens d'équipement. « Depuis deux ans, poursuit Pierre Schoeffler, la Federal Reserve (la banque centrale américaine ou FED) restreint la liquidité dollar et augmente les taux d'intérêt donc il y a de moins en moins de dollars en circulation dans le monde et donc chaque dollar est plus difficile à emprunter. Les pays qui ont besoin de cette liquidité dollar se retrouvent donc dans des situations délicates, en particulier ceux qui sont les plus fragiles c'est-à-dire ceux qui offrent les risques les plus importants pour les emprunteurs. »

Des pays plus risqués que d’autres

Parmi ces pays risqués, l'Argentine, considérée comme très mal gérée par les investisseurs, ce qui explique la chute continue de la monnaie argentine, le peso, depuis le début de l’année. S’agissant des autres pays émergents, les investisseurs devraient vite « trier le bon grain de l’ivraie » et après un mouvement de défiance « moutonnier » vis-à-vis des monnaies de l’ensemble de ces pays, la situation devrait s’améliorer notamment au Brésil, estime Pierre Schoeffler, pour la monnaie nationale, le real.

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