Remue-ménage chez Airbus: départ du numéro 2, Fabrice Brégier

Airbus, le champion aéronautique européen, réorganise sa direction. Fabrice Brégier, le numéro deux du groupe, fait ses valises, remplacé par Guillaume Faury. L’Allemand Tom Enders reste néanmoins provisoirement le patron de ce fleuron industriel européen.

C’est un bras de fer entre hommes. Une histoire de perte de confiance entre un numéro un et son numéro deux : Tom Enders, fils de berger, officier de réserve de l'armée allemande, anti-communiste, et Fabrice Brégier, polytechnicien français, passé dans les ministères à Paris. Ils ont à peu près le même âge, ils sont aux commandes d’Airbus depuis environ dix ans. Un tandem qui ne fonctionnait plus. Certes les deux se respectent mutuellement, mais plus ça allait, plus la presse évoquait des coups tordus, des règlements de comptes, une ambiance délétère.

Un sommet avait été atteint ces derniers mois avec des soupçons d'irrégularités dans des contrats de vente d'avions civils. La justice française, en l’occurrence le parquet financier mène actuellement l’enquête. Mais des enquêtes sont ouvertes aussi au Royaume-Uni, en Autriche, en Allemagne. Le pays de Tom Enders qui n'aurait pas apprécié un manque de soutien public de son plus proche collaborateur.

Crainte de déstabilisation

Conséquence de ce problème avant tout humain : il y a la crainte d'une déstabilisation de l'entreprise. Chez les syndicats d'Airbus, c'est l'inquiétude qui prédomine, mais aussi et peut-être surtout du côté des gouvernements français et allemand. Paris et Berlin, actionnaires du groupe à hauteur de 22%, suivent de très près cette situation chaotique car l’enjeu est important. Tout d'abord politique : l’avionneur est un modèle de coopération de chaque côté du Rhin. Et bien sûr économique : Airbus, 134 000 employés, enchaîne les succès commerciaux. Hier encore, l'annonce d'une commande de 100 avions A321 par la compagnie américaine Delta Air Lines, est un camouflet pour Boeing, le concurrent historique d’Airbus.

Pas appuyé à l'Elysée ?

Au final, pour tenter de sortir de la crise interne, c'est un jeu de chaises musicales. Tom Enders reste en place. Mais seulement pour un an et demi. Il ne briguera pas de troisième mandat en avril 2019. En attendant, le voilà donc a priori conforté, il a les coudées franches, débarrassé de son ennemi intime puisque Fabrice Brégier, qui était son successeur naturel (il pilotait déjà la branche avions commerciaux) est sommé de partir dans deux mois.

Il pourrait rejoindre le groupe énergétique Engie. Il en est déjà administrateur. En façade, Brégier fait bonne figure, mais il se dit qu’il n’aurait pas été appuyé par l’Elysée. En tous cas, il sera remplacé par un autre français Guillaume Faury, jusque-là aux commandes d'Airbus Helicopters, passé par l'automobile, en l'occurrence Peugeot. Il est un peu plus jeune. Reste à savoir comment cela va se passer avec le boss allemand.

 

Partager :