François Hollande, candidat à l'époque, juché sur la camionnette de l'intersyndicale, aux côtés du leader CFDT Edouard Martin, promettait aux salariés de Florange de sauver les hauts-fourneaux : « Je viens donc devant vous prendre des engagements. Je ne veux pas, moi, me retrouver dans la situation d’être élu un jour sur une promesse, et ensuite ne pas revenir parce qu’elle n’aurait pas été tenue. Je sais ce que vous espérez, que les hauts fourneaux puissent rouvrir. »
Et la suite on la connaît. Florange plombe le début du quinquennat. Envoyé en émissaire pour déminer le terrain, l'ex ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg est en désaccord avec le premier ministre Jean Marc Ayrault. Arnaud Montebourg souhaite une nationalisation du site, le gouvernement opte pour un accord entre l'Etat et le propriétaire Lakshmi Mittal. Au final pas de licenciements mais des reclassements avec de nouveaux investissements sur le site... Mais les hauts- fourneaux seront sacrifiés. Les syndicats obtiendront leur mise sous cocon jusqu’en novembre 2017. Un choix qui a suscité de vives critiques au sein de la gauche.
Hollande sur le banc des accusés
Après avoir fustigé son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui lui aussi avait promis en 2008 de sauver Florange, le président se retrouve à son tour, selon la CGT, sur le banc des accusés. Pour Lionel Buriello, secrétaire général CGT Florange, la seule promesse que le président ait tenue est celle de revenir tous les ans les voir, sauf que cette année François Hollande rencontrera la direction, et non les syndicats : « Que le président se satisfasse et que ce soit une réussite pour lui, nous arriverons allègrement à lui prouver qu’il se trompe et que Florange est loin d’être une réussite. Venir ici c’est une démarche électorale. Une vitrine. On vient à Florange comme on vient à Lourdes. On n’est plus aussi naïf qu'en 2012. Nous considérons que nous n’avons plus rien à lui dire. Nous nous mobiliserons pour lui montrer notre mécontentement. »
Malgré une certaine hostilité, le chef de l'Etat vient défendre son action. Tous les syndicats ne sont pas aussi sévères que la CGT. Bien que la fermeture des hauts fourneaux en 2013 ait suscité un fort sentiment de trahison, Jean Marc-Vecrin, délégué CFDT reconnaît un bilan plutôt positif : avec 190 millions d'euros investis, l'emploi a été préservé et le carnet de commandes est plein. « Ça été dur, on peut dire que c’est une grosse cicatrice, puisqu’on n’a plus de hauts-fourneaux, mais malgré ça il y a encore plus de 2 000 salariés, explique Jean-Marc Vécrin. Une fois que la fermeture a été actée, et qu’on ne pouvait plus faire autrement, je pense que l’Etat a joué son rôle. Tout le monde a été reclassé, et je suis obligé de le dire, l’Etat a respecté ses engagements. Ca va bien. On négocie, on a de l’intéressement, le site gagne de l’argent, on a des embauches, pour moi le site va bien oui. »
Le carnet de commande est plein
Après des heures sombres, le marché de l'acier repart. Le site a donc un avenir. Mais si Florange produit un acier à forte valeur ajoutée, la menace reste présente car le secteur est très concurrentiel. La Chine inonde le marché mondial de son acier à bas coût. L'ancien leader CFDT de Florange Edouard Martin, aujourd'hui député européen poursuit son combat auprès des institutions de Bruxelles : « La surcapacité de production chinoise qui est estimée à 350 millions de tonnes, je rappelle que l’Europe en consomme en moyenne 170 millions de tonnes chaque année, pour aider à exporter cette surcapacité de production, l’Etat chinois finance de manière massive la production d’acier, c’est ce qui leur permet de produire à des coûts défiant toute concurrence. Ils pratiquent des mesures que l’Europe nous interdit. C’est pour cela que l’on dit à l’Europe qu’elle ne peut pas autoriser à la Chine ce qu’elle interdit aux industriels européens. »
A huit mois de la fin de son mandat, ce retour à Florange, est l'occasion pour François Hollande de réaffirmer que les engagements ont été tenus et que la Lorraine est toujours une terre industrielle.