« La France préfère regarder les choses en face et ne pas cultiver l'illusion qui serait celle de conclure un accord avant la fin du mandat du président des États-Unis », a déclaré François Hollande mardi. Pour le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, Matthias Fekl, « il faut un coup d'arrêt clair et définitif à ces négociations pour repartir sur de bonnes bases ».
Si la France semble avoir mis une croix sur un accord de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis pour cette année, l'administration Obama n'est pas prête à prononcer l'éloge funèbre du projet : « Nous continuons à travailler avec l'objectif d'achever ces négociations avant la fin de l'année », a déclaré Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche, qui a rappelé que le représentant spécial américain au Commerce extérieur, Michael Froman, allait se rendre en Europe à la mi-septembre.
Le porte-parole de ce dernier, Matt McAlvanah, a pour sa part assuré que la Commission européenne et les dirigeants des Etats membres de l'Union ont clairement réaffirmé leur engagement à poursuivre les négociations. Le projet est cher à Barack Obama, qui aimerait bien quitter la présidence le 20 janvier prochain en léguant à son successeur deux accords de libre-échange, l'un avec l'Asie, l'autre avec l'Europe.
Malheureusement, des obstacles se dressent dans les deux cas. Et les deux candidats à la Maison Blanche y sont opposés. Donald Trump refuse des accords qui selon lui nuiraient aux travailleurs américains. Quant à Hillary Clinton, qui était très favorable au projet transpacifique (TTP) lorsqu'elle était secrétaire d'Etat, elle a « tourné casaque » quand Bernie Sanders, alors son rival dans les primaires, a fait de son opposition au traité l'un de ses chevaux de bataille.
Négocié dans le plus grand secret depuis mi-2013 par le gouvernement américain et la Commission européenne, l'accord TTIP (également connu sous un autre acronyme anglais, Tafta) vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d'autre de l'Atlantique pour créer la plus vaste zone de libre-échange au monde. Il est très critiqué par des ONG altermondialistes ou environnementales, qui craignent à terme une déréglementation généralisée au profit des grandes entreprises.