Cela fait maintenant neuf ans que Porto Rico est en récession. La dette publique est passée d’une trentaine de milliards de dollars en 2004 à 72 milliards aujourd’hui, soit plus de 90 % du produit intérieur brut (PIB). Déjà en juin dernier, le gouverneur de Porto Rico Alejandro Garcia Padilla avait annoncé que la dette de l’île était impossible à acquitter et nécessitait une restructuration.
C’est en 2006 que l’économie de l’île a commencé à se détériorer, lorsque les crédits d’impôt attirant les usines américaines, notamment les groupes pharmaceutiques comme Pfizer, Merck et Bristol-Myers Squibb, ont été supprimés par le Congrès américain. La fin de ces avantages fiscaux pour les sociétés a entraîné une récession économique et une flambée du chômage. Ce qui a poussé les Portoricains, surtout les jeunes éduqués, à émigrer massivement vers les Etats-Unis.
Des bons du Trésor très attractifs
Pour financer son économie, Porto Rico a eu recours à l'émission de bons du Trésor exemptés de taxes locales et fédérales. Une mesure qui a rendu les bons du Trésor portoricains très populaires auprès des investisseurs, notamment les fonds de pension américains. Ces dernières années, l'île a ainsi triplé sa dette publique.
Elu en début d'année, le nouveau gouverneur de l'île a lancé des réformes structurelles : hausse des impôts, baisse du nombre des fonctionnaires et réforme des retraites. Avec pour objectif de faire baisser les déficits à l'horizon 2016. Un choix de l’austérité qui risque de faire plonger Porto Rico encore plus dans la récession.
Un statut juridique particulier
Autre difficulté et non des moindres : le statut particulier de Porto Rico, qui est un territoire indépendant soumis à la législation américaine. Il ne peut donc pas demander à l’Etat fédéral d’entrer sous la protection du régime des faillites, le fameux chapitre 9 de la loi sur les faillites des Etats ou des grandes villes. Une procédure judiciaire qui permettrait au gouverneur de Porto Rico de restructurer sa dette à l’abri de ses créanciers.
Comme en Grèce, son seul recours pourrait venir de ses créanciers. Il faudrait qu’ils acceptent de se mettre autour d’une table pour discuter d’une restructuration de la dette.