France: l’avenir des armées en discussion à l’Elysée

Le président François Hollande réunit ce mercredi 29 avril un conseil de défense ouvrant la voie à la révision en juin de la loi de programmation militaire 2014-2019. Une marche arrière justifiée par une situation sécuritaire qualifiée d'exceptionnelle par le gouvernement.

Il aura fallu à peine un an pour que les objectifs de la loi de programmation militaire (LPM), notamment en termes de réduction d'effectifs, s’avèrent intenables. Quand le François Hollande exige le maintien de 7 000 militaires assignés en permanence à des missions de protection du territoire, cela n'est pas sans conséquence. Pour un soldat en mission, cela signifie qu'un autre se prépare et qu'un troisième se repose. Il faudrait alors théoriquement conserver un volume de l'ordre de 21 000 hommes rien que pour cette mission.

Or l'équilibre de la LPM était en partie basé sur une baisse sensible des effectifs, avec une diminution de 34 000 hommes sur six ans. Avec elle, la force opérationnelle de l'armée de terre (FOT) devait ainsi passer de 71 000 à 66 000 hommes seulement. Marche arrière : aujourd'hui, le ministère de la Défense espère sauver 18 500 postes.

Mais avec un budget gelé à 31,4 milliards d’euros, ça ne passera pas. Il faudra soit débloquer de nouvelles lignes de crédits, soit tirer un trait sur certaines capacités. Pas facile alors que la France est engagée en Irak et sera présente au Sahel pour au moins une décennie.

Pour boucler le budget, François Hollande s'est même déclaré en début d'année favorable au développement de la location par les armées du matériel qu'elles ne peuvent plus se payer. L’idée de ces fameuses sociétés de projet avait été un temps étudiée par la Grèce en pleine crise budgétaire.


« Arrêter la politique des ciseaux »

Pour le colonel Michel Goya, spécialiste des questions de stratégie et professeur associé à Sciences Po, cette révision à la baisse du budget de la défense alors que les missions ne cessent d’augmenter est un non-sens :

« Ce qui ressemble le plus à la politique qu’on est en train de mener, c’est celle du gouvernement Laval au début des années 1930. Alors qu’on sent qu’il y a un certain nombre de menaces qui grandissent un peu partout, en Europe en particulier, il décide par orthodoxie financière de réduire encore les budgets, diminue les effectifs de l’armée. Et là on est huit ans avant l’occupation de la France.

Ca me fait penser à ça. Il y a [aujourd’hui] une inconséquence et une contradiction entre la situation et la volonté politique d’y faire face. Il faut avoir une vraie volonté politique et sortir de cette spirale dans laquelle nous sommes engagés, dans cette crise des ciseaux : toujours plus de missions et toujours moins de moyens. »

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