Les conditions sont favorables, il faut en profiter. Entre la baisse des prix du pétrole et de l'euro, les ménages ont retrouvé du pouvoir d'achat. Il n'y a plus de hausse d'impôt, les cordons des bourses françaises commencent à se délier. La consommation repart, il suffirait de peu pour que les entreprises se remettent à investir, que le moteur redémarre après des années de panne.
Le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) et le pacte de responsabilité ont aussi apporté une bulle d'oxygène aux entreprises qui retrouvent depuis peu de la marge, mais elles doutent encore, prudente, elles hésitent à investir et attendent de voir ce qu'il a se passer.
Si au fil des semaines elles se rendent compte que la demande est bien au rendez-vous, qu'elle se maintient, alors elles reprendront confiance, investiront et alors la croissance décollera. En revanche si malgré toutes les conditions favorables elles doutent encore, c'est que les difficultés que les entreprises rencontrent sont structurelles, plus difficiles à surmonter alors la croissance tardera encore à s'accélérer.
Quelle hypothèse l'emportera ? C'est la grande inconnue. Du côté de l'emploi, l'Insee estime que le chômage continuera d'augmenter, les emplois créés sont plus nombreux, mais n'arrivent pas à répondre à l'augmentation en parallèle de la population active.
■ Analyse
« On a un décalage entre des facteurs favorables : le taux de marge des entreprises qui se redresse nettement avec le CICE, le pacte de responsabilité et la baisse du cours du pétrole, explique Laurent Clavel, économiste à l'Insee. Ce sont des conditions de financement qui sont plus favorables et c’est de perspectives de demandes externes et internes qui se redressent.
Pour autant, quand on regarde les réponses des chefs d’entreprises à nos enquêtes de conjoncture, et notamment dans la branche des services, on constate que les entreprises attendent pour investir. Deux possibilités : ce décalage de perceptions se résout par le haut et quand ces facteurs favorables seront confirmés et notamment quand les entreprises pourront constater que la demande reste, alors on verra une accélération de l’investissement et donc une croissance plus forte dans son ensemble. Ou alors ce décalage de perception se résout par le bas, et quelque part il renvoie à des difficultés plus structurelles des entreprises françaises qui rendent cet environnement favorable insuffisant pour une accélération de l’investissement, auquel cas la croissance pourrait à nouveau décevoir. »