A priori, une baisse des prix, c'est une bonne nouvelle pour les consommateurs, qui payent moins chers les produits qu'ils achètent, ce qui est appréciable en période d'austérité. Mais tout dépend de la cause de cette baisse des prix et surtout de sa durée. Car, derrière une inflation négative, se profile le spectre de la déflation, un phénomène qui peut être grave pour une économie.
La cause de ce recul des prix à la consommation depuis un an en France, c’est tout d'abord la chute du prix de l'énergie. Le baril de pétrole a perdu plus de la moitié de sa valeur en un an, et même si cela ne s'est pas répercuté totalement sur le consommateur, la facture énergétique des ménages a quand même diminué de 7%. Cela dégage un surplus de pouvoir d'achat. Mais ce n'est pas tout ; avec la crise, les Français hésitent à dépenser. Pour les attirer, les commerçants baissent les prix et multiplient les promos. La chute plus importante des prix en janvier est due, par exemple, à la période des soldes d'hiver.
Cercle vicieux
La baisse des prix n'a pas que des avantages, loin s'en faut. Car à court terme, des prix plus bas peuvent inciter les consommateurs à dépenser plus et donc à relancer la croissance, ce qui serait une bonne chose. Mais cela devient grave quand la situation se prolonge. C'est alors que l'on commence à parler de déflation.
Et la déflation, c'est un cercle vicieux. Quand les prix baissent durablement, cela incite les consommateurs à attendre pour dépenser, en espérant des prix plus bas encore le mois d'après. Les fournisseurs sont contraints de réduire leurs marges, puis leurs investissements. Ils renoncent à produire davantage puisqu'ils ne vendent pas et accumulent les stocks. Ils cessent d'embaucher, voire licencient des salariés. Le chômage augmente, ce qui a tendance à faire baisser le niveau des salaires et le pouvoir d'achat des ménages s'en trouve atteint. Ils réduisent leurs dépenses. La boucle est bouclée et il est difficile de sortir de ce cercle infernal qui s'auto-alimente.
Faible inflation en 2015
Heureusement, ce n’est pas le scénario le plus probable. La plupart des experts pensent que l'inflation négative ne devrait pas durer. Si les prix du pétrole se stabilisent, les prix à la consommation devraient augmenter cette année - bien que faiblement, de l'ordre de 0,3 à 0,5%. Car si l'on excepte les produits qui fluctuent beaucoup, comme le pétrole ou les produits frais, ce qui compose le fameux « panier de la ménagère » et qui sert de test à la hausse des prix reste positif.
Mais il n'y a pas de quoi être optimiste pour autant. Cette diminution des prix à la consommation est un phénomène général en zone euro. Elle est le signe d'une croissance très faible que beaucoup d'économistes attribuent à des politiques budgétaires trop restrictives. Et la baisse des prix a aussi une répercussion négative sur les rentrées fiscales, ce qui nuit, en bout de course, au remboursement de la dette publique.