France: Areva, les pistes pour faire face à la crise

Le géant du nucléaire Areva a annoncé mercredi une perte record de 4,8 milliards d'euros pour 2014. Le groupe contrôlé à 87 % par l’Etat lance un plan d'économie d'un milliard d'euros. Retour sur l’aventure du géant français.

Areva traverse la crise la plus profonde depuis sa création. Née en 2001, l’héritière de la Cogema est aujourd'hui une multinationale de 45 000 salariés dont près de 70 % travaillent en France, même si le spécialiste français du nucléaire est présent sur pratiquement tous les continents.

La force du groupe : maîtriser toutes les étapes de la production. De l'extraction et de l'enrichissement de l'uranium, en passant par la fabrication des réacteurs, jusqu'à la production d'électricité et le recyclage des combustibles.

Aujourd'hui, la perte record de près de cinq milliards d'euros est le résultat d'une succession d'erreurs stratégiques. La construction des EPR, ses réacteurs de 3e génération, a pris d'énormes retards, avec pour certains le triplement du coût. Areva a raté le marché de deux centrales à Abu Dhabi. Puis l'accident de Fukushima a porté un coup d'arrêt brutal au marché mondial.

Rapprochement avec EDF

Le Français a des rapports privilégiés avec l'Afrique. C'est son principal fournisseur d'uranium, d'où ses liens avec le Niger puis plus récemment avec la Centrafrique et la Namibie, où se trouvaient des gisements prometteurs rachetés au canadien UraMin et qui se sont révélés un gouffre financier. Areva perd 1,5 milliard d'euros dans cette affaire, qui pèse lourdement dans ses comptes.

Les économies aujourd’hui vitales passent notamment par une réduction des investissements et un programme de cessions d'actifs, supérieur aux 450 millions d'euros annoncés en octobre dernier.

Autre piste évoquée par le groupe pour se redresser : une refonte de son partenariat avec EDF. Areva souhaite resserrer les liens industriels qui se sont distendus depuis plusieurs années. En raison notamment d'une guerre qui avait opposé les patrons des deux entreprises.

Le président français, François Hollande, a ainsi annoncé mercredi avoir demandé aux dirigeants d'Areva et d'EDF de travailler à un « rapprochement » des deux groupes publics « qui pourrait être confirmé dans quelques mois ». « Tout sera fait pour qu'à travers cette coopération, cette nouvelle stratégie, car il y aura une nouvelle stratégie industrielle, nous puissions donner un avenir » à la filière nucléaire française, a-t-il insisté, rappelant que cette « filière d'excellence » comptait 2500 entreprises et employait 220 000 salariés.

Reste la question du coût social de cette restructuration. Le ministre du Travail a tenu à rassurer les syndicats. François Rebsamen a déclaré qu'il n'a pas connaissance d'un plan de suppression de postes. « On va suivre ça de très près et s’il y avait des suppressions de postes, cela se ferai bien sûr sans licenciement », a-t-il assuré. De son côté, le directeur général du groupe Philippe Knoche n'exclut pas des départs qui pourraient se faire sur la base du volontariat.

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