Areva au bord de l’implosion

Le nucléaire français dans la tourmente. Avec une semaine d'avance sur le calendrier officiel, Areva a reconnu ce matin une perte proche de 5 milliards d'euros en 2014. 

Les fuites dans la presse évoquaient 4 milliards d'euros de perte. C'est finalement beaucoup plus, admet l'entreprise contrôlée à 87 % par l'Etat. Les difficultés d'Areva sont anciennes, mais elles ont longtemps été masquées ou sous-évaluées, sans doute pour préserver la réputation de ce fleuron du savoir-faire français.

L'EPR en chantier en Finlande depuis plus de dix ans est un boulet qui plombe les comptes depuis plusieurs années. L'OPA lancée en 2007 sur un gisement namibien d'uranium qui s’est avéré décevant en est un autre. Ces deux décisions malheureuses s'inscrivent dans une stratégie audacieuse et au final mortifère. Areva s'est affranchie de son partenaire historique, EDF, pour maîtriser toute la filière, de l'extraction du minerai au traitement des déchets en passant par la construction des centrales. Mais le groupe a vu trop grand, il ne fait pas le poids sur un marché en pleine recomposition.

Fukushima a freiné les ardeurs des partisans de l'atome civil ?

La catastrophe nippone survenue à la centrale de Fukushima il y a quatre ans continue en effet à peser négativement sur le marché. Et cela durera tant que les centrales japonaises n'auront pas redémarré. Cette tragédie n'a toutefois pas dissuadé les pays convertis au nucléaire, à l'exception de l'Allemagne. La Chine prévoit toujours de s'équiper en nucléaire à grande échelle.

A long terme, le marché reste porteur mais il est beaucoup plus concurrentiel. De nouveaux acteurs taillent des croupières aux champions historiques, comme Areva. Et le solaire, longtemps ignoré par les industriels français totalement acquis à la cause de l'atome, apparait pourtant de plus en plus comme une alternative crédible sur le plan économique.

Quelles sont les pistes envisagées pour relancer Areva ?

Sur le plan financier un régime minceur s'impose. C'est-à-dire des nouvelles cessions d'actifs, et des économies en interne. Les 45 000 salariés du groupe s'en inquiètent depuis plusieurs mois. Et puis pour repartir d'un bon pied, Areva va opérer un virage stratégique complet en revenant sans doute à un partenariat avec EDF, rapprochement qui reste à définir.

Le producteur d'électricité se fournit maintenant en partie auprès des Russes pour son combustible nucléaire, c'est dire à quel point les deux entités se sont éloignées. Reste à savoir si l'Etat remettra au pot. Ce n'est pas gagné dans le climat actuel de rigueur budgétaire. Mais c'est un enjeu de taille pour la France. Car Areva contribue positivement à la balance du commerce extérieur, et les deux tiers de ses employés travaillent sur le sol français.


EN BREF DANS L'ECONOMIE :

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Son bénéfice a reculé de 56 % au second semestre de 2014. Comme les autres entreprises d'acheminement du courrier, elle subit la concurrence des mails. D'après son directeur, le déclin n'est pas une fatalité, il réclame une augmentation du prix du timbre et un service à deux vitesses pour redresser la barre.

 

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