Alors qu’à l’issue du premier tour des entretiens, le président russe Vladimir Poutine se disait content des discussions sur l’Ukraine, la chancelière allemande Angela Merkel remarquait que celles-ci n’ont permis « aucune avancée notable ». Même son de cloche du côté du président ukrainien : « Je ne suis pas très optimiste », a-t-il dit en réagissant aux négociations politiques avec son homologue russe.
Petro Porochenko est devenu un peu plus optimiste après la deuxième rencontre, consacrée surtout à la question des livraisons du gaz russe à l’Ukraine et à l’Europe. « Nous avons fait quelques progrès limités sur la question du gaz, nous nous sommes mis d’accord sur les paramètres essentiels du contrat. Nous sommes maintenant en train de travailler sur un accord concernant les fonds nécessaires pour financer la mise en œuvre du contrat », a déclaré le président ukrainien à la presse.
Toutefois, après son tête-à-tête avec Vladimir Poutine, il a constaté l’absence de « résultats pratiques » dans les discussions sur le gaz.
Désillusion à Kiev
Dans les médias et sur les réseaux sociaux ukrainiens, les commentaires ont été cyniques et amers, commente notre envoyé spécial à Zaporijia (sud), Sébastien Gobert. La seule satisfaction qui est ressortie des négociations, c'est que Petro Porochenko, polyglotte, a été le seul chef d'Etat à ne pas avoir besoin d'interprète pendant les pourparlers.
Les réactions ont aussi été mitigées quant à l'annonce d'efforts communs pour renforcer le contrôle de la frontière. Ce n'est pas la première fois, et les Ukrainiens en voient le résultat aujourd'hui dans le Donbass. L'ancien gouverneur de la région de Donetsk, Serhiy Tarouta, a tout simplement proposé de fermer la frontière, pour mettre un terme à la guerre en deux ou trois semaines.
Pour le Premier ministre Arseniy Iatseniouk, l'Ukraine résoudra ses problèmes un à un et se remettra sur pied, alors que les foyers ukrainiens subissent une forte augmentation du prix du gaz, en l'absence de livraison de Moscou.
Vers une pénurie de gaz en Ukraine
En dette avec son fournisseur Gazprom, l'Ukraine ne reçoit plus de gaz russe depuis le mois de juin, sauf pour en fournir aux clients européens de la Russie. Kiev a reconnu qu'elle ne disposait pas de stocks suffisants pour faire face à ses besoins cet hiver, par conséquent elle pourrait prélever une partie du gaz destiné à l'Europe qui transite par son territoire.
Toutefois, les Européens disposent de deux autres voies d'approvisionnement, via l'Allemagne et la Pologne. Au total, l'Europe ne dépend qu'à 15% du gaz russe qui transite par l'Ukraine, mais certains pays européens sont plus dépendants du gazoduc ukrainien que d'autres : la Slovaquie, la Hongrie ou la Bulgarie, et dans une moindre mesure, l'Allemagne et l'Italie. La France serait moins pénalisée car elle s'approvisionne beaucoup en Norvège et en Algérie.
Selon le commissaire européen à l'énergie, l'Europe peut faire face. Les stocks dont disposent l'Allemagne, l'Italie et la France n'ont jamais été aussi hauts, ils sont pleins à 90%. De plus, Moscou n'a pas les moyens de se priver longtemps de la manne gazière, tant son besoin en devises est grand.
Même si les bases des négociations semblent esquissées, tout se jouera donc le 21 octobre, date de réunion à Bruxelles entre l’Ukraine, la Russie et la Commission européenne.