La France à l'aube de la «Macron-économie»

Emmanuel Macron, le nouveau ministre français de l’Economie, a présenté mercredi 15 octobre les grandes lignes de son projet pour relancer l’activité dans le pays. Ces annonces interviennent au moment où le budget 2015 de la France va être passé au crible par la Commission européenne à Bruxelles. Laquelle a déjà fait part de ses critiques concernant le renoncement de Paris à tenir son engagement sur la réduction des déficits. En promettant des réformes, le gouvernement tente donc de calmer le jeu avec l’Europe.

La présentation anticipée de la loi sur l’activité par Emmanuel Macron n’aurait rien à voir avec une quelconque pression exercée par la Commission européenne. Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, l’a réaffirmé à l’issue du dernier conseil des ministres : « Il n’y a pas d’agenda spécifique des réformes présenté comme une condition d’acceptation du budget de la France. »

Pourtant, ce budget est bel et bien sur la sellette et fait l’objet de critiques. Bruxelles a même menacé d’émettre un avis négatif. L’empressement du nouveau ministre de l’Economie à détailler les réformes qui vont permettre, « de débloquer les verrous qu’il y a dans l’économie française », montre bien que Paris veut donner des gages à ses partenaires européens et surtout à l’Allemagne.

L’initiative d’Emmanuel Macron poursuit celle de Manuel Valls. Le Premier ministre n’a eu de cesse, ces dernières semaines, de manifester sa détermination à réformer la France. A Berlin, à Londres, il a essayé de lutter contre l’image d’une France bloquée. Allant jusqu’à promettre de tout mettre sur la table, même le système d’indemnisation du chômage, sans tabou.

Ouvrir les professions réglementées...

Concrètement, le projet de loi « pour l’activité et l’égalité des chances économiques », passe par diverses mesures, plus ou moins novatrices : libéralisation du transport en autocar, simplification de l'épargne salariale, réforme des professions réglementées.

Ces dernières justement étaient dans la rue, il y a deux semaines à peine : notaires et huissiers se retrouvent à nouveau dans les dossiers du ministre de l’Economie. Emmanuel Macron entend bien réformer ces professions réglementées, en simplifiant notamment l’installation de leur cabinet. Objectif : développer la concurrence et faire baisser les tarifs.

Pour les pharmaciens même chose : le ministre veut « une simplification massive des conditions d’installation des pharmaciens. Il ne s’agit pas qu’il n’y ait plus de règles mais avec deux règles ou trois, on peut faire mieux, plus simple, plus vite, en ouvrant le capital entre les professionnels. Et en leur permettant de mieux s’organiser sur internet, parce qu’aujourd’hui les critères sont plus rigides. Un pharmacien doit pouvoir vendre plus facilement des médicaments sur internet, c’est aussi un bon service. »

... et favoriser le travail dominical

Autre sujet qui fâche, le travail du soir et du dimanche. Emmanuel Macron a bien l’intention d’assouplir la règle du repos dominical. « Il y aura au moins cinq dimanches ouverts dans l’année et la possibilité d’aller jusqu’à douze. Ce seront les élus qui décideront. Dans tous les cas, c’est sur la base du volontariat, d’un accord majoritaire et avec compensation des salariés », a détaillé Emmanuel Macron.

Cette dernière proposition avait déjà été avancée par le passé, sans grand succès. Le travail dominical divise. Pour Razzy Hammadi, député et secrétaire national du Parti socialiste, « il n’est pas normal qu’on soit dans un pays où le samedi soir, des centaines, voir des milliers de touristes, prennent l’Eurostar pour aller faire leurs courses le dimanche à Londres. C’est une prise en compte de la réalité économique, une prise en compte de l’évolution de nos territoires mais aussi une exigence sociale maintes fois rappelée. Et je crois que là, nous sommes sur une position d’équilibre, le rapport Bailly, l’a consacré. Je crois et je suis assez confiant pour dire que la proposition d’Emmanuel Macron la consacrera dans la loi. »

La droite attend les actes

Le ministre le sait très bien, ces mesures feront réagir, il veut donc prendre son temps avant de dévoiler ces autres propositions, ce sera le mois prochain. En attendant, l'opposition se froote les mains. « Je suis favorable à ce qu’on fasse souffler un grand vent de liberté dans notre pays sur beaucoup de sujets, applaudit le député UMP Thierry Solère. Si M. Macron, au-delà de parler et de faire des propositions, met des actes en face et propose au parlement de voter des mesures qui permettront, notamment sur le travail le dimanche, de fluidifier tout ça, je les voterai avec grand plaisir.

« Je m’effraie qu’on parle encore de libéralisme, poursuit-il. Le monde entier vit à une heure où on n’a pas d’idéologie comme ça. En France, il y a huit millions de pauvres, cinq millions de chômeurs et toute personne au-delà de la gauche et de la droite devra avoir une seule priorité, c’est d’essayer de simplifier le mécanisme de le fluidifier, pour qu’il est moins de chômage et plus d’emplois, point. »

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