Alstom: l’offre Siemens-Mitsubishi fait-elle le poids?

Fin du suspense dans le dossier Alstom. L'Allemand Siemens et le Japonais Mitsubishi Heavy Industries ont fait une offre conjointe formelle sur l’entreprise française. L’offre qui se dessine laisse plutôt le premier rôle au Japonais, on est donc loin de l’Airbus européen de l’énergie prôné par le gouvernement.

C'est finalement un montage complexe à base de sociétés communes et de rachat d'actifs que les deux entreprises proposent. Siemens offre uniquement 3,9 milliards d’euros pour acheter les activités turbines à gaz d’Alstom. Coté emplois, un sujet très cher aux yeux du gouvernement français, le groupe allemand s’engage à maintenir les effectifs en France et en Allemagne pendant trois ans.

De son coté, le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries veut injecter 3,1 milliards d’euros cash dans Alstom. Il propose aussi d’entrer à hauteur de10% dans le capital de l’entreprise française et de former trois co-entreprises dans le reste des activités énergie. Avec ce schéma, le secteur énergie d’Alstom ne disparaît pas, contrairement au rachat pur et simple proposé par Général Electric.

Pas de guerre des prix

Mais l’offre du géant américain a le mérite d’être ferme et claire : le groupe propose de racheter le pôle énergie d’Alstom pour 12,5 milliards d’euros en cash. Et c'est son dernier mot. General Electric a fait savoir qu'il n'allait pas s'engager dans une guerre de prix.

Pour convaincre de la fiabilité de leur offre, les patrons de Siemens et Mitsubishi doivent rencontrer le président français François Hollande, ce mardi 17 juin, avant d'aller défendre leur projet devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.


 ■ VU D'ALLEMAGNE : La presse allemande salue l'offre Siemens-Mitsubishi

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

La presse allemande de ce matin salue le talent tactique du patron de Siemens. Au départ sur la touche, il s’est imposé en proposant un échange entre Alstom et son entreprise : aux Français tout le ferroviaire, aux Allemands l’énergie. Le magazine Der Spiegel parle d’un coup de bluff pour arriver à ses fins : récupérer les turbines à gaz qui depuis longtemps séduisent l’entreprise de Munich.

La coopération avec le Japonais Mitsubishi permet avec Siemens, déjà en restructuration, d’éviter une reprise plus globale d’Alstom alors que les synergies entre les deux sociétés sont minces. L’alliance germano-nipponne a l’avantage de ne pas réduire Alstom à la portion congrue, souligne-t-on en Allemagne, et des garanties sur l’emploi constituent autant d’arguments non négligeables pour Paris.

Les alliances stratégiques Alstom-Mitsubishi avec trois entreprises mettent en avant la coopération plutôt que l’absorption. Et Siemens n’exclut pas un beau jour la création d’un champion franco-allemand du ferroviaire.

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