Le Medef en Iran, voyage d’affaires chez les mollahs

Le Medef, principale organisation patronale française, emmène une délégation d’entreprises en Iran à partir de ce lundi 3 février jusqu’au 5 février 2014. Une centaine d’entreprises, dont plusieurs du CAC 40, entendent profiter de la levée partielle des sanctions économiques occidentales pour se placer sur un marché attrayant qui compte près de 80 millions de consommateurs potentiels.

L’expédition doit durer trois jours, pas un de plus, le temps pour une centaine de patrons français, à l’initiative du Medef, de reprendre pied en Iran. La délégation est conduite par Patrick Blain, le président du Comité des constructeurs français, et ce n’est certainement pas un hasard. Le secteur de l’automobile, exsangue en Iran, est celui qui suscite les plus grands appétits chez les Français. 

Retrouver le niveau d’avant les sanctions dès 2015

La levée partielle et provisoire des sanctions économiques occidentales à l’encontre de l’Iran à partir du 20 janvier, laisse dorénavant le champ libre pour l’or, les métaux précieux, les produits pétrochimiques (hormis le pétrole, le gaz et les carburants), l’industrie aéronautique et l’automobile. C’est dans ce dernier secteur, le plus porteur, que les industriels de l’Hexagone espèrent reprendre pied rapidement.

Au moment où les sanctions tombent en 2011, PSA et Renault produisent en Iran quelque 600 000 véhicules ; avec leurs partenaires locaux, Iran Khodro et Saipa, ce chiffre représente le tiers de la production du pays (et pour PSA, le 2e marché après la France). Le vide laissé par les deux entreprises hexagonales n’a pas tardé à être rempli notamment par les Chinois et les Coréens qui n’en demandaient pas tant. Mais, durant la même période, le marché iranien s’est rétréci de 40 %. Une situation que Téhéran et son nouveau président Hassan Rohani, espèrent redresser pour retrouver son niveau antérieur aux sanctions, dès 2015. Une montée en puissance que les américains General Motors et Ford s’activent d’ores et déjà à anticiper.

Les Français ne sont pas les premiers à reprendre langue avec les responsables iraniens. Italiens, Allemands, Autrichiens et Portugais se sont déjà mis sur les rangs pour la course qui s’engage aux bonnes affaires. Mais ce retard sera peut-être compensé par l’importance de la délégation française. C’est du moins ce qu’espèrent Total, Lafarge, Suez Environnement, GDF Suez, Alsthom et bien sûr Renault et PSA, entre autres candidats, qui tablent sur une reprise d’activités au pays des mollahs.

Pas de cadeaux

Cela dit, les Iraniens n’ont pas l’intention de faire de cadeaux à la délégation du Medef  ne serait-ce qu’à cause de la position de Paris lors des négociations de Genève, jugée négativement. À Paris d’ailleurs, la discrétion est de mise sur la mission du Medef. Comme si on voulait bien faire des affaires, mais sans que cela ne se sache trop. Pour ce retour, il n’est donc pas question de signatures de contrats, mais d’une reprise de contact que chacun est pressé de voir évoluer rapidement vers du concret. 

Même s’il faudra patienter un peu, le marché iranien offre tant de prometteuses perspectives qu’on s’est bousculé pour faire partie du voyage organisé par le Medef et il se dit qu’on a refusé du monde… Et bien, que la France prêche la prudence, elle comme les autres, ne veut pas rater le train de la reprise iranienne dans le sillage de la normalisation des relations entre Washington et Téhéran qui n’a jamais été aussi proche.

Le retour imminent d’un représentant français en charge des affaires économiques et commerciales auprès de son ambassade à Téhéran est un autre signe tangible de la fébrilité des entreprises occidentales autour de l’Iran. C’est de plus en plus flagrant, aujourd’hui, les hommes d’affaires et les industriels occidentaux ont les yeux de Chimène pour Téhéran. 

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