Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
La quasi-totalité des journaux iraniens salue ce lundi matin l’accord intérimaire sur le nucléaire avec les grandes puissances en soulignant le rôle personnel du chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, qui mérite, selon le quotidien réformateur Arman « la médaille d’or ».
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« Ici, c’est l’Iran, tout le monde est content », titre à la Une le quotidien réformateur Etemad qui publie un reportage de rue, mais aussi sur des réseaux sociaux, sur la satisfaction des Iraniens. Le quotidien Haft-e Sobh affirme pour sa part que « Zarif a gagné la bataille de Facebook ». En effet, 164 000 personnes ont mis une mention « J’aime » sur son commentaire sur sa page Facebook lorsqu’il a annoncé, dimanche matin 24 novembre, l’accord de Genève. D’ailleurs près de 700 000 personnes suivent la page Facebook de Zarif, ce qui constitue un record.
La « diplomatie de la modération » saluée à Téhéran
Plusieurs journaux réformateurs publient également la photo de Zarif et du secrétaire américain John Kerry en train de se serrer la main à Genève pour affirmer que cette poignée de main a permis de sortir de l’impasse. Le quotidien gouvernemental Iran affirme pour sa part que la « diplomatie de modération » du gouvernement de Hassan Rohani a permis en moins de 100 jours de faire sortir le pays d’« une crise de dix ans ».
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Seul le quotidien conservateur Kayhan affirme que « les Etats-Unis ne sont pas dignes de confiance ». Le journal dénonce en effet les propos de John Kerry qui a affirmé que « l'accord de Genève ne reconnaissait pas le droit à l’enrichissement d’uranium de l’Iran ».
■ Le rial reprend des couleurs
La perspective d'un allégement des sanctions économiques qui frappent le pays est accueillie avec soulagement en Iran où la monnaie nationale reprenait des couleurs face au dollar, ce lundi.
La devise iranienne s'est redressée face au billet vert sur le marché libre de Téhéran dès l'annonce de la conclusion d'un accord sur le nucléaire. Les Iraniens ont repris quelque confiance dans le rial car ils espèrent une reprise de l'économie grâce à l'allégement des sanctions internationales.
Or et pétrole
Aux termes de l'accord de Genève, l'Iran va pouvoir récupérer au cours des six prochains mois plus un milliard et demi de dollars issus de la vente d'or et de métaux précieux, bloqués à l'étranger par l'embargo financier. Puis au fur et à mesure de la réalisation de ses engagements, Téhéran peut espérer retirer plus de 4 milliards de dollars de ses exportations pétrolières. Un ballon d'oxygène bienvenu dans la situation actuelle de l'économie iranienne, ainsi que des perspectives encourageantes pour l'avenir, si d'autres allégements de sanctions interviennent par la suite.
Voilà qui pourrait enrayer la fuite des capitaux et même relancer les investissements. Ces deux dernières années l'Iran a perdu des dizaines de milliards de dollars du fait des sanctions internationales.