De nombreuses réactions à l'accord sur le nucléaire iranien

Les grandes puissances du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne ont conclu un accord intérimaire à Genève, dans la nuit du samedi au dimanche 24 novembre, avec l'Iran pour contenir son programme nucléaire. Il s'agit d'un premier accord, dont le texte a pu donner lieu à des interprétations différentes. Selon Téhéran, le texte reconnaît le droit à l'enrichissement d'uranium à 5%, mais selon Washington rien ne stipule dans l'accord le droit à cet enrichissement. Les réactions se sont multipliées après l'annonce de cet accord qualifié d'« historique ».

Barack Obama a qualifié cet accord de « première étape importante ». Ceci « barre le chemin vers une bombe atomique iranienne », a-t-il souligné, voulant ainsi rassurer ses alliés israéliens et les pays du Golfe, réfractaires à toute négociation.

Israël a laissé éclater son amertume, en particulier envers les Etats-Unis : « C'est un mauvais accord qui offre ce que Téhéran voulait », a déploré Benyamin Netanyahu. Son ministre des Affaires étrangères a renchéri en affirmant que « la course à l'armement avait débuté ». Ce dimanche soir, le président américain a appelé le Premier ministre israélien pour en discuter.

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De son côté, le président iranien Hassan Rohani s'est félicité de ce texte qui, selon lui, reconnaît le droit à l'enrichissement d'uranium, un accord salué par le guide suprême Ali Khamenei. L'Iran attend désormais en retour un allègement des sanctions économiques.

« Les grandes puissances ont reconnu les droits nucléaires de l’Iran. La République islamique détient ce droit, qui a été reconnu à toutes les parties signataires du Traité de non-prolifération nucléaire. Cette reconnaissance par les grandes puissances et l’élimination de tous les obstacles à cette reconnaissance a une grande portée pour la nation iranienne. L’autre avancée, c’est le droit de l’Iran à l’enrichissement sur le sol iranien. »

Pour le président français François Hollande, c'est une étape importante vers une normalisation des relations avec l'Iran. Une percée significative selon le président russe Vladimir Poutine, mais une première étape sur un « chemin long et difficile », a-t-il nuancé. En revanche, pour la Chine qui a de gros besoins en pétrole, cet accord va « aider à sauvegarder la paix et la stabilité au Moyen-Orient » et aider à une reprise des échanges commerciaux avec l'Iran.

Un texte « bon pour le monde entier », selon le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, mais avec un gros travail à faire pour le mettre en œuvre et parvenir à un accord définitif.


→ Analyse : Avec cet accord, « tout le monde gagne »

François Nicoullaud était l'invité de la mi-journée de RFI. Ex-ambassadeur de France en Iran de 2001 à 2005, il suit depuis longtemps ce contentieux sur le dossier nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances.

RFI : Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe avait-il raison en disant qu'avec cet accord « il n'y a pas de perdant, tout le monde gagne » ?

François Nicoullaud : Tout le monde gagne effectivement. Les Iraniens peuvent rentrer à Téhéran triomphant en disant qu’ils ont obtenu l’essentiel, qu’ils ont préservé la capacité technologique de l’Iran en ce qui concerne notamment l’enrichissement. De l’autre côté, nous avons tout lieu de nous satisfaire des contrôles que vient d’accepter l’Iran sur son programme qui, en quelque sorte, arrête la montre si l'Iran souhaitait fabriquer la bombe. Donc, on ne pourra plus dire que l’Iran essaie de gagner du temps en négociant. La France trouve un certain intérêt dans cette affaire, puisque grâce à la levée des sanctions américaines sur l’automobile, Peugeot et Renault vont pouvoir sans doute revenir en Iran.

François Nicoullaud est l’auteur du livre Le Turban et la Rose : journal inattendu d'un ambassadeur à Téhéran, publié chez Ramsey en 2006.

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