Le Mondial de l’automobile s’ouvre dans une ambiance morose

Comme tous les deux ans, Paris devient La Mecque mondiale de l’automobile. Du 29 septembre (dès le 27 pour la presse) au 14 octobre 2012, la 81e édition du Mondial de l’automobile réunira au parc des expositions, porte de Versailles, près de 270 marques venant de 23 pays. Mais cette année, le plus grand salon automobile du monde s’ouvre dans un contexte bien morose ; les ventes ont en effet baissé de 20% en Europe depuis 2007, année de tous les records.

Rendez-vous de tous les fondus de la voiture, le Mondial de l’auto version 2012, compte bien, encore une fois, être le lieu de tous les superlatifs. Les plus belles voitures, le plus grand nombre de visiteurs, plus d’un million, de journalistes, 13 000, et plus de 4 000 hôtesses recrutées notamment pour leur connaissance en automobile, se trouveront porte de Versailles pour sacrifier au dieu automobile. 

Mais le cru 2012 risque d’avoir un arrière-goût un peu amer. Les carrosseries rutilantes auront en effet bien du mal à occulter les mauvais chiffres européens du secteur automobile. En cinq ans, les ventes en Europe n’ont cessé de reculer pour se situer cette année entre 12,5 et 13 millions de véhicules particuliers vendus, selon les prévisions des analystes Euler Hermes. 

La crise est passée par là et ses effets se font sentir en profondeur. En France, PSA Peugeot Citroën a déjà programmé la suppression de 8 000 postes dans l’Hexagone. Et la potion, déjà amère, ne se limitera pas là puisque le numéro un français de l’automobile a également prévu de fermer son usine d’Aulnay-sous-Bois située en région parisienne, une première depuis 20 ans en France. Signe d’une faiblesse générale, l’Allemand Opel a déjà fermé son site d’Anvers en Belgique tout comme Fiat son usine implantée en Sicile.

Le salut hors d’Europe

Depuis dix ans, le parc automobile français, qui compte 38 millions de véhicules, ne progresse plus que de 1% par an. Les divers plans d’aide gouvernementaux du type « balladurette » ou « sarkozette » destinés à soutenir la filière n'ont fait que repousser le problème. En juillet, le gouvernement Ayrault a dévoilé à son tour un plan de soutien axé cette fois sur la promotion des « voitures propres ». C’est ainsi qu’à intervalles plus ou moins réguliers, l’industrie automobile française, qui emploie encore plus de 400 000 personnes, frôle le gouffre.

Une seule porte de salut, vendre hors du marché européen désormais largement saturé. Un mouvement amorcé en 2009 par PSA, qui implante de nouvelles usines à l’étranger, notamment en Chine, avec en ligne de mire l’objectif de réaliser 50% de ses ventes hors d'Europe à partir de 2015 (contre 68% en Europe en 2006). La marque au lion espère aussi de bonnes retombées après sa récente alliance avec General Motors qui a pris 7% de son capital.
 

Mais Renault avait précédé à l’étranger son éternel concurrent de Sochaux, grâce notamment à son alliance avec Nissan en 1999. Aujourd’hui le Brésil est le deuxième marché pour la marque au losange devant l’Allemagne, la Russie et l’Argentine. Et Renault ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le constructeur vient en effet d’annoncer que les discussions en vue d’implanter une usine en Algérie et en Chine avaient bien progressé. Renault a aussi misé sur une gamme bon marché avec Dacia dont le succès est incontestable. La sortie lors du Mondial de l’auto de la toute nouvelle Clio, la quatrième du nom, porte également bien des espoirs : Renault vise les 350 000 à 400 000 ventes par an de sa petite dernière-née.  

Les résultats sont là, même si Renault ne crève aucun plafond, sa situation financière est nettement meilleure que celle de PSA avec une capitalisation boursière de près de 10 milliards d’euros contre moins de 3 milliards pour son concurrent.

Touchés, mais loin d’être coulés, les Allemands
 

Face à la morosité générale en Europe, les Allemands parviennent vaille que vaille à se maintenir. Si eux aussi ont senti l’impact de la crise, là où l’Espagne a reculé de 8,5%, la France de 13,4% et l’Italie de près de 20%, le marché allemand s’est replié lui, d’à peine 0,6%. Volkswagen, premier constructeur européen et prétendant à la première place mondiale, a déjà reconnu ce mois-ci que la crise des ventes européennes l’affectait aussi. Mais grâce à son implantation mondiale, ses ventes restent enviables et la sortie attendue de la Golf 7 devrait de plus lui conserver sa suprématie européenne.

Ainsi, depuis août 2011, ses ventes ont crû de près de 19% surtout grâce à l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Est. Pour Daimler, constructeur des Mercedes-Benz et des Smart, l’horizon est moins dégagé. Le groupe s’attend à un résultat d’exploitation en 2012 inférieur à celui de 2011. Par contre, pas de souci pour BMW très présent en Chine et aux Etats-Unis, qui vient de confirmer ses prévisions annuelles. 

Côté américain, la bonne santé du marché est évidente. Après quelques années de péril, quinze usines ont été fermées aux Etats-Unis en 2008-2009, General Motors, Ford  et Chrysler (lié à Fiat) relèvent nettement la tête. Les chiffres sont parlants pour les Big Three avec une hausse de 20% pour Chrysler, de 16% pour GM et d’un score plus modeste pour Ford avec 7%. L’internationalisation de GM et de Ford notamment en Chine, 1er marché mondial, joue pour une part non négligeable dans le retour à la rentabilité des constructeurs américains.

 

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