Finances publiques : Bruxelles demande à la France de redoubler d'efforts

La Commission européenne a publié, ce mercredi 30 mai 2012, ses recommandations annuelles pour les Vingt-Sept, ainsi que pour la zone euro. Pour la France, Bruxelles appelle à des réformes structurelles, notamment du marché du travail.

La France va devoir redoubler d’efforts pour rassurer Bruxelles. Dans un document de plus de 700 pages, la Commission européenne demande à Paris des efforts supplémentaires pour atteindre l’objectif de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013. « La consolidation budgétaire reste un des principaux défis de la politique économique de la France », affirme la Commission qui s’attend à un déficit public de 4,2 % du PIB en 2013.

Rappelons que le nouveau chef de l’Etat, François Hollande, s’est engagé à revenir à un déficit de 3% du PIB en 2013, comme l’exige le Pacte de stabilité. La France doit « réagir rapidement » si elle veut respecter ses objectifs budgétaires en 2013, mais c'est « tout à fait faisable », a affirmé, pour sa part, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Perte de compétitivité

La dette publique devrait, elle aussi, continuer à augmenter, pour passer de 85,5% du PIB en 2011 à 90,5% en 2013. On le voit, l’endettement de la France reste bien au-dessus de la norme européenne des 60% du PIB, fixée par le Pacte de stabilité, même si la moyenne de la zone euro est à 85%.

Un autre point inquiète la Commission, celui du déséquilibre commercial de la France et de sa perte de compétitivité. Dans son rapport, Bruxelles souligne les problèmes du coût du travail en France : « depuis 2000, les salaires ont augmenté plus vite que la productivité ». La Commission s’inquiète également du « cloisonnement » du marché du travail et note « la chute spectaculaire » de la probabilité de passer d’un contrat à durée déterminée à un contrat à durée indéterminée entre 1995 et 2010 (de 45% à 12,8%) contre une moyenne de 25,8 % dans l’UE.

Allongement de l’âge de la retraite

Un marché du travail qui pénalise fortement les jeunes et les seniors, les plus touchés par le chômage. Bruxelles anticipe également une hausse du taux de chômage. Après 9,7% en 2011, il devrait atteindre 10,2% en 2012 et 10,3% en 2013. Par ailleurs, Bruxelles met en garde la France contre « une modification même partielle de la réforme des retraites ». Pour la Commission, la réforme mise en place par le gouvernement Fillon « va dans le bon sens ». Elle devrait permettre « un retour à l’équilibre du régime des retraites en 2018 », même si elle sera « insuffisante à plus long terme » et que « des réformes supplémentaires seront nécessaires à l'horizon 2020 ». Or, dans son programme, le nouveau chef de l’Etat, François Hollande, prévoit un retour de l'âge de la retraite de 62 à 60 ans pour certains salariés ayant commencé à travailler tôt.

Dans un autre registre, la Commission européenne pointe pour la France les aides accordées à l’aéroport de Beauvais, à l’ouest de Paris, base des compagnies aériennes à bas coût. La Commission annonce l’ouverture d’une enquête sur une présumée aide d’Etat accordée via des accords financiers à cet aéroport de Beauvais. La Commission doute que les différentes aides accordées par plusieurs entités publiques, notamment la région, le Conseil général de l'Oise et plusieurs municipalités locales, « soient conformes aux règles relatives aux aides d'État dans le secteur de l'aviation adoptées par l'UE en 2005 ».

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