La crise des banques européennes s’enlise

Les banques européennes vont mal. Que ces difficultés soient bien réelles ou aggravées par des mouvements boursiers excessifs, le résultat est là. La confiance dans la solidité des banques européennes est, de plus en plus, mise en doute. Quelle attitude les Etats doivent-ils adopter dans la circonstance ? Les avis diffèrent.

L’Espagne a annoncé l’injection de 7 milliards et demi d’euros de fonds publics dans quatre caisses d’épargne pour boucler son plan de restructuration du système financier espagnol. Les caisses d’épargne espagnoles, trop régionales, trop petites avaient été mises en grand danger avec l’éclatement de la bulle immobilière. Depuis deux ans, elles ont été réorganisées et beaucoup ont fusionné. L’avenir dira si ces mesures sont suffisantes pour faire face à la crise.

Les ministres des Finances français et belge devraient se rencontrer le 3 octobre pour examiner l’avenir de la banque franco-belge Dexia, plombée par un excès d’actifs toxiques, ces crédits douteux à l’origine de la crise des subprimes aux Etats-Unis. Quant aux banques françaises BNP-Paribas, Société Générale et Crédit Agricole, elles sont la cible d’attaques boursières répétées qui leur ont fait perdre de 40 à 50% de leur capitalisation depuis le début de l’année. Les banques françaises, plus encore que d’autres banques européennes, sont engagées à l’international et ont besoin, pour leurs opérations, de flux financiers en dollars.

Pénurie de dollars

Or, les banques américaines qui, auparavant, prêtaient des billets verts à leurs consœurs françaises, les gardent depuis quelques mois à leur propre usage, répugnant à servir des banques françaises qu’elles estiment trop engagées dans les dettes souveraines grecque, italienne, espagnole ou portugaise. Ces banques se défendent en présentant des résultats trimestriels très honorables, mais elles rencontrent effectivement des difficultés de refinancement en dollars. Avec tous les risques d’assèchement du crédit que cela implique.

Le gouvernement français, soucieux de ne pas handicaper encore davantage une croissance bien faible, est pris entre deux feux : aider les banques à se recapitaliser c’est avouer qu’elles sont fragiles et les mettre encore plus à la merci des marchés. Mais peut-il ne rien faire ? Les banques elles-mêmes ne sont pas, officiellement, demandeuses, pour les mêmes raisons de protection de leur image. On semble dans l’impasse.

Vers un fédéralisme bancaire européen ?

L’économiste Nicolas Véron, du club de réflexion Bruegel à Bruxelles, estime dans un point de vue au quotidien économique La Tribune que la crise bancaire devrait être l’occasion de faire franchir à l’Union européenne un nouveau pas en avant. Les gouvernements s’attachent à rapprocher leurs politiques budgétaires et à fédéraliser les risques portant sur la dette souveraine. Mais en matière bancaire chacun conserve « son » champion national auquel il assigne la fonction d’acheter en priorité « sa » dette nationale. C’est cela qu’il faudrait changer afin que la zone euro dans son ensemble prenne en charge la restructuration du secteur bancaire pour construire un « fédéralisme bancaire européen ».
 

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