Pour gagner la guerre contre la dette qui gangrène les finances du pays, le gouvernement grec a annoncé 23 milliards d’euros d'économies supplémentaires entre 2012 et 2015. Dès cette année, Athènes s'est engagée à économiser un peu plus de 6 milliards d'euros. Un objectif qui sera plutôt difficile à atteindre si l’on en croit la troïka d’experts du FMI, de l’UE et de la BCE venus, cet été, ausculter les comptes publics grecs.
Principal obstacle à l’augmentation des recettes publiques : l’évasion fiscale, qui coûterait au pays la somme de 45 milliards d’euros chaque année. Pour y remédier, le gouvernement a prévu une hausse de la fiscalité immobilière. La nouvelle taxe foncière, qui doit rapporter 2 milliards d’euros, doit s’imposer à tous les propriétaires. Mais en l’absence de cadastre, le gouvernement a décidé de recourir aux factures d’électricité pour identifier les propriétaires, avec coupures de courant à la clé pour ceux qui ne paieront pas.
Les armateurs exemptés d’impôts
Cette nouvelle mesure fiscale a provoqué un tollé dans le pays. A tel point que l’opérateur public d’électricité DEI refuse de participer à ce qu’il appelle un « racket gouvernemental », d’autant plus que l’Eglise est exemptée de cette taxe. Pourtant, avec 700 millions d’euros de patrimoine, l’Eglise orthodoxe est le plus gros propriétaire foncier du pays. Le gouvernement a également mis en place une hausse de la TVA sur la restauration de 13% à 23%. Seul bémol, le syndicat des restaurateurs a annoncé que ses adhérents ne verseraient pas le surplus de cette taxe au fisc grec.
Des mesures fiscales d’autant plus difficiles à appliquer que de nombreuses niches fiscales sont maintenues. C’est ainsi que les grands armateurs grecs sont exonérés d’impôt. Ces entreprises de transport maritime bénéficient, en effet, d’une immunité fiscale en raison des bénéfices qu’elles sont censées apporter au pays. Les difficultés s’accumulent pour le Premier ministre George Papandréou. La liste des entreprises à privatiser n’est pas bouclée. L'Etat prévoit de fermer ou de regrouper des établissements publics pour économiser environ 500 millions d’euros et le nombre de fonctionnaires devrait également être réduit (800 000 fonctionnaires pour 11 millions d’habitants). Reste que la grille de salaires de fonctionnaires qui permettrait de mettre en place ses réductions de coûts n’est toujours pas finalisée.
Des fonctionnaires décédés retraités
En recoupant des statistiques, le gouvernement grec s’est également rendu compte que près de 4 500 fonctionnaires décédés continuaient de toucher une pension, ce qui coûte plus de 16 millions d’euros par an à l’Etat. Résultat, les autorités s’interrogent sur le nombre réel des centenaires percevant une retraite, environ 9 000.
La Grèce, qui s’est engagée dans une cure d’austérité drastique, refuse de tailler dans ses dépenses militaires (6 milliards d’euros), les plus importantes de l’UE : 2,8% du PIB. Athènes est le cinquième importateur mondial en matière de défense, donc pas question pour Paris et Berlin de mettre en péril les exportations de leur industrie militaire. « Demander à la Grèce de réduire son budget militaire n'est pas une priorité », a ainsi estimé, jeudi 14 septembre 2011, le ministre français des Finances François Baroin. Et pourtant, mercredi, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont demandé au Premier ministre George Papandréou de tout faire pour tenir ses engagements.