Avec notre bureau de Bruxelles
Même Jean-Pierre Jouyet, le président de l’AMF (Autorité des marchés financiers française), a prédit une restructuration poussée ou radicale de la dette grecque, c’est-à-dire un défaut de paiement ou une faillite partielle en termes clairs.
D’ailleurs, si on y regarde bien, les propos de la chancelière allemande Angela Merkel pour calmer les marchés hier mardi étaient clairs : « Pas de défaut de paiement incontrôlé ». Ce qui signifie aussi a contrario qu'un défaut de paiement contrôlé reste envisageable.
Le scénario est donc sur la table d’autant qu’en réalité, le second plan de sauvetage de la Grèce implique déjà une perte de 21% pour les créanciers privés détenteurs de dette publique grecque.
La Grèce a déjà fait faillite deux fois
En théorie, l’hypothèse d’une faillite de la Grèce n’est plus un tabou en Europe. Mais dans l’esprit de tous ceux qui osent l’envisager, il s’agirait d’un défaut de paiement négocié avec les créanciers, une faillite ordonnée qui permettrait de ne pas assener un coup fatal aux établissements financiers européens exposés, c’est-à-dire détenteurs d’obligations en nombre.
Après tout, la Grèce a déjà fait faillite deux fois depuis son indépendance, à la fin du XIXe siècle et dans les années trente. Et la Pologne a même proposé une négociation avec les créanciers qui serait du même type de ce qu’elle a expérimenté il y a vingt ans au sortir du communisme pour réduire sa dette de moitié.
Mais dans la pratique, l’hypothèse d’une sortie de la Grèce de la zone euro n'est pas véritablement envisageable parce que les traités de l’Union européenne l’interdisent. Mais de toute façon, les Européens craignent trop l’onde de choc qu’un tel scénario pourrait provoquer pour la crédibilité de la monnaie unique, pour le projet européen lui-même et pour la stabilité des autres pays fragilisés.
En fin de compte, on progresse surtout de plus en plus vite vers une mise sous tutelle véritable de la Grèce.