Le bilan de Dominique Strauss-Kahn au FMI

Après trois ans et demi à la tête du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn quitte l’organisation sur un bilan globalement positif. L’homme a marqué l’histoire du FMI en lui donnant un rôle clé pendant la crise.

Quand Dominique Strauss-Kahn prend les rênes de l’organisation internationale en 2007, le FMI est en pleine crise d’identité. Les pays émergents y sont sous représentés et l’institution cherche de nouvelles sources de financement.

L’objectif de DSK : faire du FMI un véritable acteur de la gouvernance mondiale. La crise financière  va lui donner cette opportunité. Dominique Strauss-Kahn donne un rôle clé au à l'organisation dans la refonte du système financier.

Une fois son influence installée, il s’emploie à en redresser les finances. Le FMI est dans le rouge, avec un déficit de plus de 200 millions de dollars. Rappelons-le, pour fonctionner, il emprunte de l’argent aux grands Etats occidentaux et le prête à son tour aux pays en difficulté.

L’essentiel de ces revenus provient des intérêts de ces prêts. Mais la plupart des pays débiteurs (Russie, Chine) ont désormais assez de réserves pour se passer des prêts du FMI. Résultat, les recettes que le Fonds en retirait et qu’il accordait ont mécaniquement chuté.

De nouvelles ressources

Grâce à un lobbying actif, DSK réussit à convaincre les Etats membres de doubler leur contribution. Avec lui, les fonds du FMI ont triplé en quatre ans. L’institution n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui. Sa force de frappe de 750 milliards de dollars lui permet d’avoir une crédibilité financière en cas de sauvetage urgent. Des centaines de millions de dollars ont ainsi été mis sur la table pour aider l’Islande, l’Ukraine, le Pakistan, la Grèce, l’Irlande et le Portugal.

C’est également sous le mandat de DSK que le FMI accorde des prêts à taux zéro aux pays pauvres. En 2009, l’Afrique bénéficie de 3,6 milliards de dollars de prêts gratuits, soit le triple des sommes qui avaient été engagées l’année précédente. Et pour la première fois de son histoire, le FMI décide en juillet 2009 d’annuler les intérêts des pays les plus défavorisés pour une période de deux ans et demi. L’ex-patron du FMI met également en place un fonds vert de 100 milliards de dollars pour financer des programmes de lutte contre le réchauffement climatique dont le continent africain souffre particulièrement.

Rééquilibrage en faveur des pays émergents 

Autre grand chantier : la réforme des droits de vote. Dominique Strauss-Kahn est également celui qui a réformé la gouvernance du FMI dont les statuts n’avaient pas bougé depuis Bretton Woods en 1944. Pour prendre en compte le nouveau poids des émergents dans l’économie mondiale, il renforce les droits de vote de la Chine et du Brésil en interne.

Pour bon nombre d’économistes, son bilan est donc globalement positif, même s’il laisse des chantiers inachevés, et en premier lieu la réforme du système monétaire international. Dominique Strauss-Kahn voulait placer le FMI à la pointe de sa réforme. Il part en ayant seulement esquissé des pistes et souvent répété que le statut du dollar devait rester le même pendant longtemps.

Enfin, il n’a pas véritablement réussi à changer l’image désastreuse du FMI dans les pays en développement. Les politiques économiques que conseille l’institution restent conformes aux intérêts des grandes nations industrialisées. C’est pourquoi l’Afrique du Sud plaide pour l’attribution du poste de directeur général du FMI à un pays en développement.

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