78 milliards d’euros, c’est un peu moins que les 110 milliards mis sur la table il y a un an pour sauver la Grèce, mais cela reste une somme considérable qui témoigne des difficultés financières du Portugal. Concrètement, cette aide sera apportée principalement par l’Union européenne (UE) qui fournira les deux-tiers, à travers des emprunts levés par le biais du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Le Fonds monétaire internationale (FMI) fournira le tiers restant.
C’est aux banques portugaises que devrait revenir l’essentiel de cette aide financière. Près de 12 milliards sont destinés au renforcement du capital des établissements bancaires, afin que leurs fonds propres atteignent 10% fin 2012. Ce plan de sauvetage devra être entériné par les ministres des Finances de la zone euro lors de la réunion de l’Eurogroupe le 16 mai prochain.
Des efforts budgétaires
En échange de cette aide, le Premier ministre socialiste démissionnaire José Socrates a consenti des efforts très importants sur les trois prochaines années. Il s’est engagé à réduire le déficit public -qui était l’année dernière à 9,6% du PIB, à 3% en 2013.
Lisbonne s’est également engagé à mettre en place de nombreuses mesures pour fluidifier son marché du travail et pour réduire les dépenses de son service public. José Socrates a toutefois rassuré les Portugais. Les mesures les plus redoutées concernant la suppression du 13ème et 14ème mois des fonctionnaires et des retraites, les coupes sur les revenus des fonctionnaires et dans les retraites ne seront pas appliquées. Il a également confirmé qu’il ne toucherait pas aux soins de santé et à l’éducation.
Un engagement de l’opposition
Mais dans l’attente d’une consultation des partis politiques, le détail des mesures d’austérité négociées avec Bruxelles n’a toujours pas été dévoilé. Des responsables de la troïka (UE, FMI et Banque centrale européenne) ont rencontré, mercredi, les partis d'opposition pour obtenir leur assentiment sur ce plan d’aide. Le Parti social-démocrate (PSD) de centre-droit et le Parti minoritaire de droite CDS devraient rendre leur avis d'ici jeudi. D’ores et déjà, le PSD qui est en tête des sondages a fait savoir, par la voix de son président Pedro Passos Coelho, qu’il ne laisserait pas le Portugal arriver à une situation de banqueroute.
L’objectif est que les deux partis, le PSD et le CDS, acceptent les modalités du plan, mais surtout qu'ils s'engagent à les appliquer s'ils remportent les élections législatives de juin. Opposés à cette intervention extérieure, les partis de la gauche antilibérale ont, pour leur part, refusé de participer aux discussions.
Pour l’heure, cette annonce d’aide financière n’a toujours pas calmé les marchés financiers, puisque les taux d’emprunt restent toujours en hausse. Mercredi 4 mai 2011 au matin, les investisseurs réclamaient toujours plus de 9% pour les emprunts portugais à dix ans.