Le pétrole cher, une menace pour la reprise

Avec les événements politiques dans les pays arabes, les prix du pétrole ont accentué leur hausse. Les pays consommateurs s'organisent pour réduire leur facture pétrolière. Cette augmentation de l’or noir risque d’entraver la reprise mondiale.

Les cours du pétrole poursuivent leur hausse. La crise libyenne, qui menace de raréfier les approvisionnements, et la crainte de nouveaux troubles dans d'autres pays producteurs ont propulsé le baril au-delà des 100 dollars. Lundi, on a dépassé les 115 dollars le baril de Brent de la mer du Nord.  

Résultat, la facture pétrolière mondiale devrait exploser cette année pour s'établir à 3 400 milliards de dollars, un record. C’est  9,3% de plus que le montant atteint lors de la dernière flambée des prix de l’or noir en 2008. Cette facture va représenter 5,1% du produit intérieur brut mondial en 2011 contre 5% en 2008. Telles sont les conclusions d'une étude que vient de réaliser par l'institut français Coe-Rexocode. 

Un vaste transfert de revenus

Les pays importateurs sont évidemment les plus pénalisés, tandis que ceux qui exportent apparaissent comme les gagnants de cette poussée de fièvre sur les marchés pétroliers. Les pays occidentaux, comme les Etats-Unis, le Japon et la France, vont dépenser, cette année, beaucoup plus que par le passé pour leur consommation pétrolière. Les pays émergents, Chine et Inde en tête, des économies en forte croissance qui consomment de plus en plus de pétrole, vont également dépenser plus.

Cette charge supplémentaire qui pèse sur les pays importateurs représente un revenu pour les pays exportateurs comme l’explique l'économiste Jean-Michel Boussemart,  l'un des co-auteurs de cette étude : « Avec la hausse du pétrole, le pouvoir d’achat des consommateurs dans les pays émergents qui sont importateurs de pétrole se trouvent rogné tout comme le pouvoir d’achat des consommateurs américains, japonais et européens. En contrepartie, les pays de l’Opep et la Russie ont davantage d’argent. Un revenu qu’ils ne peuvent pas dépenser tout de suite, car cela représente des masses considérables. Au total, il y a des forces dépressives qui animent l’économie mondiale ». 

Réduire la facture pétrolière

Des prix pétroliers en hausse attisent également l’inflation. La pression sur les prix s’est renforcée avec la flambée des matières premières (produits agricoles et miniers) et le pétrole. C’est le scénario tant redouté par les banquiers centraux.

Pour freiner la hausse des prix, l'administration américaine a annoncé, dimanche soir, qu'elle allait puiser dans ses réserves stratégiques de pétrole pour endiguer cette nouvelle flambée des prix de l’or noir. La dernière fois que le gouvernement américain y a puisé remonte à 2005 après l’ouragan Katrina. En Europe, le gouvernement espagnol a lancé un plan anti-gaspillage. La limitation de vitesse sur les routes est passée ce lundi de 120 à 110 km/heure, un ralentissement qui pourrait générer une économie 1,4 milliards de dollars sur la facture pétrolière. Les prix des billets des trains de banlieue et de moyenne distance sont également réduits pour décourager le recours à la voiture.

Reste que le pétrole cher n’est pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Les grandes gagnantes sont les compagnies pétrolières. En 2010, les cours du pétrole ont augmenté de 29%, et le résultat net de Total a augmenté de 20% à plus de 10 milliards d’euros.  

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