Davos, le rendez-vous incontournable

Le forum de Davos qui réunit chaque année tous les décideurs économiques de la planète s’est ouvert ce mercredi 26 janvier 2010 dans la station des Alpes suisses. C’est la 41e édition du forum économique mondial devenu un rendez-vous incontournable pour les grands patrons comme pour les politiques. Malgré l’attentat meurtrier de l’aéroport de Moscou, le président russe Dmitri Medvedev est tout de même venu pour le discours d’ouverture, et ce jeudi c’est le président français Nicolas Sarkozy qui monte à la tribune. Davos c’est le lieu où il faut être à tout prix.

Avec notre envoyée spéciale à Davos, Dominique Baillard

En plus de quarante ans d’existence, le rendez-vous qui était initialement celui des patrons et de quelques penseurs, est devenu une sorte de rite initiatique de la planète libérale, et de la planète tout court, sans doute en raison de la mondialisation. On affronte la neige, l’altitude, pour se retrouver ici pendant quelques jours. Cette année, 1400 dirigeants d’entreprise sont présents ; c’est un record. Les mauvaises langues disent qu’il fait bon se montrer, se retrouver entre grands patrons. Ce n’est toutefois pas l’avis d’un nouveau venu : pour Christophe de Margerie, patron du groupe Total, ce rendez-vous permet d’aller plus loin, et grâce à ses discussions à huis clos de « débattre de manière complètement transparente, et de s’exprimer librement ».

De l’énergie au chômage en passant par des sujets plus sociétaux comme l’addiction aux réseaux sociaux ou encore le risque de burn out, le risque d’épuisement qui menace les décideurs, les sujets sont multiples. Cette année où la confiance économique semble revenue, surtout dans les pays dits émergents, Davos reflète aussi le nouvel état des forces du monde. Avec la montée en puissance de ces pays de mieux en mieux représentés à ce rendez-vous.

Des nouveaux dirigeants sans complexes

La délégation chinoise est importante même si les politiques de haut rang ne sont pas là cette année. Mais il y a aussi une forte présente des Indiens, des Sud-Africains, et des dirigeants du Golfe. Ils font partie des 1400 dirigeants qui paient, très cher, pour assister à Davos. Les plus grandes entreprises versent une cotisation annuelle de 33 000 euros.
Ces nouveaux dirigeants sans complexe qui ont donc les moyens de venir à Davos commencent à inquiéter le monde occidental. Maurice Lévy le dirigeant de Publicis, et également membre de la direction du forum de Davos, reconnaît que ce basculement du monde est un vrai sujet de préoccupation. Pour lui, « ces pays sont de vrais compétiteurs. Je ne crois plus qu’il faille les considérer comme des pays émergents, ni qu’il faille leur apporter tout le soutien dont ils ont bénéficié jusqu’à présent, et je pense qu’il faut les traiter en adultes et qu’ils doivent eux-mêmes contribuer, comme les grands pays, à toute l’économie mondiale. Ils doivent nous ouvrir leurs marchés, ajoute Maurice Lévy, améliorer le pouvoir d’achat de leurs populations, accepter nos produits ; il doit y avoir un phénomène tout simple de réciprocité. »

Le in et le off de Davos

A Davos, une bonne partie des échanges se déroulent en marge des multiples ateliers. Et il n’y pas que des chefs d’entreprise à l’affut d’un nouveau marché qui papotent à l’écart. Ainsi Marc Pieth, président du groupe anti-corruption de l’OCDE, avoue jouer durant le sommet « un rôle de facilitateur dans les tables rondes entre les compagnies sur les questions de gouvernance, d’intégrité, de transparence », et qui se félicite de conversations fructueuses.
La gouvernance, la lutte contre la corruption sont un des thèmes qui reviennent presque chaque année à Davos. Et les acteurs comme Marc Pieth profitent de ce moment pour faire avancer leurs dossiers.

Le président du G20 à la tribune

Nicolas Sarkozy s’exprime ce jeudi matin à Davos avant tout en tant que dirigeant du G20. Les priorités à l’ordre du jour du G20 pour 2011 sont d’ailleurs largement abordées à Davos. Notamment la guerre des monnaies qui risque de se transformer en guerre commerciale, la crainte d’une nouvelle flambée des prix alimentaires, et bien sûr la crise de l’euro.

Ce jeudi à Davos se retrouvent d’ailleurs les acteurs de premier plan de la zone euro. Outre le président français, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre grec Georges Papandreou et le président de la banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, sont annoncés. C’est peut-être aujourd’hui que les Européens vont se mettre d’accord pour sortir de cette crise qui dure depuis bientôt une année.

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