Avec notre envoyée spéciale à Davos, Mounia Daoudi
Très discrets l’an dernier, car conscients de leurs responsabilités dans l’effondrement de la croissance mondiale, les banquiers ont donné de la voix à Davos. L’annonce la semaine dernière par Barack Obama de son intention de légiférer pour réduire la taille et l’activité des banques avait mis le feu aux poudres. Et le discours inaugural du président français, Nicolas Sarkozy , qui une fois de plus a dénoncé les dérives du capitalisme financier et les comportements indécents de certains banquiers n’a pas arrangé les choses.
Face à cette offensive des politiques, les dirigeants des grandes banques présents à Davos ont multiplié les mises en garde contre une réglementation trop stricte qui à leurs yeux réduirait leur marge de manœuvre et les empêcherait de financer l’économie réelle. Un discours visiblement inaudible pour les grands argentiers de la planète qui ont bien l’intention d’avancer sur le dossier de la régulation du système financier mondial. Un dossier qu’ils entendent mener à terme rapidement et de manière coordonnée. A Davos, les financiers ne sont décidément plus les maîtres.
Reprise, oui, mais encore des mois difficiles
Aucun doute, la reprise est bien là. Le FMI, le Fonds monétaire international, a d’ailleurs revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale pour 2010 qu’il évalue désormais à 3,9%. Mais cette reprise est encore bien trop fragile car elle repose essentiellement sur les plans de relance mis en place par la plupart des gouvernements. Le secteur privé reste en effet encore à la traîne.
Dans ce contexte, attention à ne pas mettre un terme trop vite à ses mesures qui ont jusqu’à présent permis d’éviter le pire. Et cela, même si la question des déficits publics inquiète au plus haut point. Le cas de la Grèce a notamment été longuement évoqué à Davos.
Plus surprenant, la crise sociale s’est également invitée à Davos, jusqu’à présent bastion du libéralisme. L’explosion du chômage dans la plupart des pays développés est prise très au sérieux. Larry Summers, le conseiller économique du président Barack Obama, a parfaitement résumé la situation en évoquant une reprise statistique certes, mais accompagnée d’une récession humaine.