Londres pas prêt à renoncer à son indépendance

En visite à Londres, le Premier ministre français François Fillon a appelé le Royaume-Uni à soutenir les efforts de « convergence économique, sociale et fiscale au sein de la zone euro ». Une idée à laquelle son homologue David Cameron n’est pas particulièrement favorable. Le Royaume-Uni, qui ne fait pas partie de la zone euro, continue en effet de rejeter toute forme d’intégration.

Avec 30% de ses exportations qui partent à destination de l'Union économique et monétaire, le Royaume-Uni a bien conscience que la croissance de son économie repose très largement sur ses partenaires de la zone euro. Londres a par exemple profité ces derniers mois de la bonne tenue de la production industrielle allemande. Le pays compte par ailleurs sur cet espace économique pour 30% de ses importations. Mais si les liens commerciaux entre le Royaume-Uni et la zone euro sont pour beaucoup dans l’excellence de leurs relations économiques, les autorités britanniques n’entendent pas renoncer à leur sacro-sainte indépendance.

Ainsi lorsque le Premier ministre français appelle Londres à soutenir « les efforts de convergence économique, sociale et fiscale au sein de la zone euro », la réaction outre-Manche est plutôt mitigée, pour ne pas dire hostile. François Fillon a en effet fait valoir que la stabilité mais aussi le dynamisme de cet espace économique étaient « une condition de prospérité pour l'ensemble des Etats européens », y compris le Royaume-Uni. Une opinion certes partagée par son homologue David Cameron qui a notamment déclaré qu’une zone euro forte était dans l’intérêt des Britanniques mais qui refuse pour autant d’engager son pays. « Nous voulons que les pays de la zone euro surmontent leurs problèmes et nous serons des partenaires utiles », a ainsi assuré le Premier ministre britannique qui a surtout annoncé que Londres refusera de participer à « tout nouveau mécanisme » européen de gestion de crise.

Londres reste maître de ses finances

Car le refus du Royaume-Uni d’adopter la monnaie unique est une décision mûrement réfléchie, certains diront philosophique. Et ce n'est d’ailleurs pas anodin si Londres a obtenu de ses pairs une clause d'exemption permanente qui lui évite de rejoindre la zone euro. Une clause qui lui permet non seulement d'avoir la main sur sa politique monétaire mais aussi d'échapper aux rigoureux critères du pacte de stabilité. Sans compter que la variabilité du taux de change joue en faveur de son économie. Car le libéralisme n'est pas un vain mot au Royaume-Uni. Certains aiment d'ailleurs à rappeler que si les Britanniques ont choisi d'intégrer l'Union européenne, c'est pour mieux imposer leurs idées sur le libre-échange.

Cette volonté d’indépendance n’est toutefois pas synonyme d’indifférence. Londres s’est en effet fortement engagé lors du plan de sauvetage des banques irlandaises en accordant notamment des prêts à Dublin. Et même si certains expliquent la promptitude des Britanniques à agir par la forte exposition de leurs banques aux difficultés du secteur bancaire irlandais, le soutien de Londres a plutôt été apprécié. Les autorités britanniques pourraient même intervenir dans d’autres dossiers mais pas question pour autant d’évoquer le moindre rapprochement de la zone euro. David Cameron l’a de nouveau rappelé lors de la visite de François Fillon dans la capitale britannique. « Nous comprenons que si vous partagez une monnaie unique, vous devez prendre des mesures pour mieux coordonner et harmoniser certaines choses que vous faites ensemble. En fait, c'est une des raisons pour lesquelles, dès le départ, je ne voulais pas qu'on adopte l'euro, parce que je ne voulais pas que cela arrive », a-t-il expliqué.

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