La moyenne annuelle de l'inflation constatée sur les prix de décembre dans les seize pays de la zone euro est de +2,2%. Il est trop tôt pour en déterminer scientifiquement les causes, mais les automobilistes comme les analystes des matières premières le constatent tous les jours : c’est bien sûr le pétrole qui ne cesse d'augmenter depuis le début de l'année et qui impacte l'ensemble de l'économie. En euro, le baril de brut a progressé de 35% sur un an, c'est donc la poussée de fièvre sur les marchés pétroliers durant les deux derniers mois de 2010 qui a alimenté ce regain.
La reprise économique, plus rapide dans les pays émergents que dans la vieille Europe, alimente cette vigueur des marchés de l’énergie. De surcroît, chaque fois que l’euro se déprécie comme cela a été le cas en décembre, la facture des importations pétrolières s’alourdit.
La facture pétrolière alimente l’inflation
Pour 2011, une fois que la hausse des prix de l'énergie sera absorbée, l'inflation restera molle car, avec un chômage élevé et des salaires qui stagnent, la consommation restera morose. Les prix devraient donc rester sous contrôle en 2011 sans que la Banque Centrale Européenne n'ait à intervenir. La banque centrale regarde surtout l’évolution des prix du panier de la ménagère hors énergie et c’est seulement lorsque ce panier commence à entrainer une hausse mécanique des salaires que les argentiers de Francfort estiment qu’il faut agir.
Les maillons faibles sous surveillance
Cette pointe d’inflation, somme toute modérée, est diversement ressentie d’un pays à l’autre. Elle a été forte en Espagne, avec une hausse des prix de 2,9%, tandis qu'en Allemagne la hausse est restée inférieure au seuil des 2%.
C’est peut-être ce qui est le plus inquiétant : chez les maillons dits faibles de la zone euro comme l’Espagne, c’est précisément la reprise de l’inflation qui est à l’origine de la crise. Car plus on a d’inflation, plus on est incité à s’endetter quand les taux d’intérêt sont faibles. C’est ce qui a précipité l’Espagne dans la folie immobilière. Les plans de rigueur mis en place dans les pays les plus fragiles visent donc à maintenir l’inflation à un bas niveau pour éviter d’encourager l’endettement. C’est pour cela que les Européens surveillent l’évolution des prix comme le lait sur le feu.