Le plan de relance de la FED décrié dans le monde entier

Le nouveau programme d’achat de la dette de la Banque centrale américaine inquiète les pays émergents. L’Inde, le Brésil, la Thaïlande ou encore la Corée du Sud redoutent un afflux important de liquidités poussant à la hausse leur monnaie. L’Europe s’inquiète également de ce risque d’inflation.

Si les Bourses mondiales ont salué la décision de la Réserve fédérale américaine (FED) de racheter pour 600 milliards de dollars de dette publique, les deux grandes puissances économiques de la zone euro ont vivement critiqué ces mesures qui visent à relancer l’activité économique aux Etats-Unis. Le ministre allemand des Finances a été le premier à s’en inquiéter craignant « un retour du protectionnisme ». Pour Wolfgang Schäuble, faire marcher la planche à billets pour soutenir la conjoncture « ne vaut plus rien ».  

En injectant de l’argent dans l’économie, la FED prend le risque d’alimenter l’inflation et de faire baisser la valeur du dollar par rapport à l’euro, une mauvaise nouvelle pour l’Allemagne, championne européenne des exportations. Cette décision a également été critiquée par Paris. La ministre française de l’Economie Christine Lagarde a regretté que « l’euro porte le poids » de la mesure de la Banque centrale américaine. « La décision d'assouplissement quantitatif de la FED est une question importante qui devrait être discutée » lors du prochain sommet du G20 qui se tient les 11 et 12 novembre à Séoul, a indiqué vendredi 5 novembre un responsable européen sous couvert de l'anonymat.

Les risques de la planche à billets

Le risque est beaucoup plus important pour les pays émergents d’Amérique latine et d’Asie qui n’hésitent pas à brandir la menace de représailles au prochain sommet du G20. En créant ainsi de la monnaie, les Etats-Unis risquent de provoquer un afflux massif de dollars dans les pays émergents où les rendements financiers sont plus attractifs, provoquant un raz-de-marée de capitaux volatiles et spéculatifs.

Selon l’Institut International Finance, les pays émergents devraient recevoir 825 milliards de dollars en 2010, contre 581 milliards en 2009, dont 343 milliards pour l’Asie. Pour le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, cette décision « pourrait produire de nombreux effets négatifs pour l’économie mondiale ». De son côté, le ministre sud-coréen des Finances a prévenu qu’il envisagerait « de façon résolue » un contrôle des flux de capitaux.

La guerre des monnaies
 
La Thaïlande et l’Indonésie ont également évoqué « la possibilité d’une action destinée à lutter contre l’afflux de dollars » attendu sur les marchés émergents. Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega n’a pas non plus mâché ses mots, évoquant « une guerre des monnaies », essentiellement entre des pays comme la Corée du Sud, les Etats-Unis et la Chine.

Si Washington a longtemps accusé Pékin de maintenir le yuan à un niveau artificiellement faible pour doper ses exportations, les Etats-Unis sont désormais la cible de nombreux pays émergents qui les accusent de faire la même chose. Cette question des changes sera en tout cas être au cœur des discussions du G20 à Séoul. Mais les positions semblent tellement inconciliables que l’on voit mal un accord se dessiner sur cette question jugée pourtant cruciale par la présidence française du G20.

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