C’est une ouverture musicale mais aussi politique qu’a choisie le festival du film de Berlin pour son ouverture ce jeudi. Le film du Français Etienne Comar Django est consacré au musicien de jazz Django Reinhardt et à sa fuite dans un Paris occupé en 1943 par les Allemands. « Il était un des précurseurs les plus marquants du jazz européen et le fondateur du jazz manouche » a déclaré le directeur de la Berlinale pour justifier son choix. « A cette époque, les tsiganes étaient persécutés par les Nazis et déportés dans les camps de concentration pour y être assassinés. Une réalité qui fait écho à la période actuelle où les tsiganes, mais aussi d’autres minorités sont persécutées dans de nombreux pays », a ajouté Dieter Kosslick.
Pour son premier film, Etienne Comar qui a jusqu’à présent travaillé comme producteur et comme scénariste notamment pour Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois a collaboré étroitement avec le petit-fils de Django Reinhardt, David. Le réalisateur ainsi que les deux acteurs principaux du film, Reda Kateb et Cécile de France, seront présents jeudi soir pour l’ouverture de la 67e Berlinale.
De Joseph Beuys à Thomas Arslan
Django est l’un des 18 prétendants au menu de la compétition 2017 qui s’achèvera par la remise de l’Ours d’or du meilleur film et de divers Ours d’argent, l’animal symbole de la ville de Berlin. D’autres films dans cette compétition sont consacrés à des artistes. C’est le cas d’un documentaire consacré à l’un des artistes allemands les plus connus de l’après-guerre, Joseph Beuys, du réalisateur Andres Veiel. Avec trois films en compétition, l’Allemagne est la nation la plus représentée. On y retrouve notamment un des grands noms du cinéma germanique, Volker Schlöndorff. Le réalisateur du Tambour propose à nouveau l’adaptation à l’écran d’une œuvre littéraire, Retour à Montauk, d’après un livre de Max Frisch. Plus jeune, le réalisateur de l’école de Berlin, Thomas Arslan présente Helle Nächte sur la relation entre un père et son fils.
« Pokot », un conte de fée féministe
La réalisatrice phare du cinéma polonais Agnieszka Holland signe avec Pokot un conte de fée féministe sur une excentrique retraitée. Il s’agit d’un des quatre films en compétition tournés par des femmes dans cette compétition aux côtés de The party de la Britannique Sally Potter, un thriller londonien, de Colo de la Portugaise Teresa Villavere et de On body and soul de la Hongroise Ildiko Enyedi, une histoire d’amour dans un abattoir de Budapest. Les Français seront présents hormis avec Django, avec Sage femme de Martin Provost et son casting très attendu composé de Catherine Deneuve et Catherine Frot.
« Un programme de protestation contre l’état du monde »
Les films en compétition constituent la section la plus visible de la Berlinale qui ne présente pas moins de 400 films en une dizaine de jours. Interrogé lors de la présentation du programme, le directeur du festival s’efforce toujours de trouver un fil rouge marquant la nouvelle édition. « Il s’agit d’un programme de protestation contre l’état du monde, qui dit oui à la vie avec des artistes qui décrivent des quotidiens bouleversés par des apocalypses mais dans lesquels il y a toujours une porte de sortie ».
► 67e Berlinale, du 9 au 19 février